Aller au contenu

Page:Langlois - Rig Véda.djvu/285

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[Lect. I.]
277
RIG-VÉDA. — SECTION QUATRIÈME.


HYMNE XXIII.
À Indra, par Avasyou, fils d’Atri.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Le magnifique Indra monte sur son char, et le précipite vers les mets (du sacrifice). Tel que le pasteur qui conduit son troupeau, le (dieu) invincible marche le premier à la conquête.

2. Viens, (ô dieu) que traînent deux chevaux azurés et que distinguent tes bienfaits variés. Ne t’éloigne pas de nous. Sois notre protecteur. Ô Indra, rien n’est au-dessus de toi. Tu as donné (aux hommes) ton épouse, dont ils étaient privés[1].

3. Quand la force de la force[2] vient à naître, Indra révèle toutes ses puissances. Il donne la liberté aux vaches (célestes), enfermées dans la caverne ; il dissipe les ténèbres qui couvrent le monde.

4. Ô (dieu) que tous les hommes invoquent, les enfants d’Anou ont fait pour toi un char conforme à ta rapidité ; Twachtri t’a (donné) la foudre étincelante. Les prêtres, glorifiant Indra, ont, par leurs louanges, augmenté ses forces pour triompher d’Ahi.

5. Ô généreux Indra, quand le mortier, rempli de soma, retentit comme pour chanter ta gloire, Aditi partage ton bonheur. Lancés par Indra, les carreaux de la foudre, sans coursiers, sans char, vont attaquer les Dasyous[3].

6. J’ai célébré tes antiques prouesses, ô Maghavan ; je célèbre tes prouesses nouvelles. Tu déploies ta puissance quand, séparant le ciel et la terre, tu viens en faveur de Manou conquérir les Ondes, riches en bienfaits variés.

7. Ô (dieu) sage et glorieux, ce fut un grand exploit que celui par lequel tu as montré ta force en sacrifiant Ahi. Tu as aussi déjoué la magie de Souchna, et dans le combat frappé les Dasyous.

8. En faveur d’Yadou et de Tourvasa[4], ô Indra, tu as rendu les Ondes guéables et fécondes en bienfaits. Tu as pris Coutsa[5] sur ton char pour aller avec lui combattre le terrible (Souchna) ; cependant les Dévas s’assemblaient pour vous honorer tous deux.

9. Ô Indra et Coutsa, que vos coursiers vous amènent sur ce char à la voix de nos chantres. Vous avez du sein des eaux arraché (Souchna). Vous avez repoussé la ténébreuse ignorance du cœur d’un riche sacrificateur.

10. Vers ces beaux coursiers, aussi rapides que le vent, le prudent Avasyou s’est avancé. Ô Indra, tous ces Marouts sont tes amis. Les rites sacrés ont augmenté ta force.

11. (Indra) sut, au lever de l’Aurore, arrêter la course impétueuse du char de Soûrya. Étasa[6] reçut de lui une de ses roues ; il vainquit les (Dasyous) et prit leurs villes. Qu’(Indra) nous donne une pareille force.

12. Indra a voulu visiter notre peuple : il aime celui qui lui verse le soma. Que le mortier (sacré), dont les prêtres surveillent les mouvements, vienne retentir dans le sanctuaire.

13. Ô (Dieu) immortel, que les mortels qui t’ont désiré (une fois) puissent te désirer encore ! Que le mal ne les touche jamais ! fais le bonheur de ceux qui te servent. Donne la force au peuple qui t’est dévoué.


HYMNE XXIV.
À Indra, par Gatou, fille d’Atri.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Tu as déchiré la nue, et délivré les Ondes. Tu as lancé les torrents prisonniers. Ô Indra, quand tu as eu ouvert la grande caverne, tu as tué le fils de Dânou, et donné la liberté aux eaux.

2. Avec les Ritous, ô Indra, (dieu) terrible et armé de la foudre, tu as ouvert la mamelle de la montagne (céleste), source abondante et fermée. Tu as frappé Ahi, qui dormait au sein (de la nue), et tu as confirmé ta force.

3. La vigueur d’Indra a brisé le trait du grand monstre sauvage. Un autre que (Vritra) vient aussitôt, plus robuste que lui, et qui a l’audace de se croire unique et incomparable.

4. C’est Souchna, enfant de l’Onde, né de la colère du fils de Dânou ; il grossit, il marche dans les ténèbres, il s’enivre de la Swadhâ[7] destinée aux mortels. Indra d’un coup de sa foudre a tué Souchna, et lui a ravi le nuage.

  1. Pour l’explication de ce passage il faut recourir à la note 1, page 119, col. 2.
  2. Le commentaire explique cette idée par cette expression : le soleil qui suit l’aurore. Ne serait-ce pas plutôt : la force la plus grande, autrement dit le Soleil ?
  3. Le commentateur fait rapporter toute cette strophe aux Marouts, et me semble détourner plusieurs mots de leur sens.
  4. Voir page 249, col. 2, note 3.
  5. Voir page 247, col. 2, note 1.
  6. Voir page 247, col. 2, note 5.
  7. C’est-à-dire de l’eau des nuages.