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[Lect. II.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.


HYMNE IV.
À Indra, par Prabhouvasou.
(Mètres : Trichtoubh et Djagatî.)

1. Qu’il vienne cet Indra, le dispensateur de l’opulence, le distributeur de la richesse. Marchant avec l’assurance de l’archer, altéré, plein de désirs, qu’il boive la liqueur du soma.

2. Héros traîné par deux coursiers azurés, que le soma monte jusqu’à tes mâchoires, à tes joues, comme aux sommets d’une montagne. Roi que le monde invoque, puissions-nous tous connaître le bonheur en te (charmant) avec nos hymnes, de même que (l’écuyer) flatte ses coursiers (avec la voix) !

3. Ô Maghavan, toi qui portes la foudre et que le monde implore, toi qui ne connais que la prospérité, telle qu’une roue en mouvement, mon âme est agitée par la crainte que me cause mon ignorance. Ton chantre, entouré de riches offrandes, élève son hymne jusqu’à ton char.

4. Ô magnifique Indra, que traînent deux coursiers azurés, ce chantre, accomplissant avec empressement les œuvres (saintes), fait entendre la voix de l’hymne qui résonne comme le mortier. De ta main gauche tu répands la richesse. Que ta main droite sache nous défendre.

5. Que le prêtre[1] libéral (de soma), augmente ta grandeur, ô (dieu) libéral de bienfaits. (Dieu) fécond, tu es porté sur des chevaux qui répandent la fécondité. (Héros) à la noble face, au char prospère, aux œuvres fertiles, au cœur généreux, (dieu) qui portes la foudre, soutiens-nous dans le combat.

6. Ô Marouts, que les hommes se baissent avec respect devant ce jeune Sroutaratha, riche en offrandes, qui (nous) a donné deux chevaux rouges accompagnés de trois cents (vaches).


HYMNE V.
À Indra, par Atri.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. (Agni) est invoqué partout ; et le dos arrosé de ghrîta, il s’élève majestueusement en même temps que la splendeur du soleil. Que les Aurores luisent pour le bonheur de celui qui dit : « Allons, faisons des libations en l’honneur d’Indra. »

2. Que le prêtre, avec vénération, allume le feu, étende le gazon, s’approche du mortier, verse le soma et chante l’hymne. Ses mortiers ont résonné à la gloire du rapide (Indra). Qu’il s’approche pour la libation et pour l’holocauste.

3. L’épouse (d’Indra)[2] va désirant l’époux qui doit l’emporter rapidement sur son char. Que ce char se charge d’offrandes ; qu’il résonne avec bruit, et qu’autour de lui il répande mille (présents).

4. Il n’a aucune épreuve à craindre, le roi qui a versé à Indra de nombreuses coupes de soma, ami de la vache (du sacrifice). Il marche à la tête de ses hommes ; il triomphe de son ennemi ; il règne heureusement sur ses provinces, et illustre son nom.

5. Qu’il soit heureux à conserver ; qu’il soit fort à conquérir. Que le Jour et la Nuit[3] concourent à son bonheur. Qu’il soit le favori de Soûrya, le favori d’Agni, celui qui prodigue en l’honneur d’Indra le soma et les offrandes.


HYMNE VI.
À Indra, par Atri.
(Mètre : Anouchtoubh.)

1. Ô Indra, ô Satacratou, tu es grand, et ta magnificence est royale. Ô toi qui veilles sur tous les hommes et qui possèdes la force, sois pour nous le noble garant de tous les biens.

2. Ô puissant Indra, tu nous assures l’abondance la plus glorieuse, et à ce titre ta renommée est étendue. (Dieu) aux teintes dorées, ta force est invincible.

3. Ô dieu armé de la foudre, avec les (Marouts), tes glorieux et robustes compagnons, qui troublent la pensée, tu règnes sur la terre et dans le ciel.

4. Ainsi, ô vainqueur de Vritra, quel que soit le présent que tu nous destines, apporte-le : tu ne peux vouloir que notre bien.

5. Ô Indra, ô Satacratou, nous comptons sur ton secours. Puissions-nous, sous ta protection,

  1. Le commentateur explique le mot dyôh pour stouti ; je lui ai donné le sens mentionné dans la note 2, col. 1, page 230.
  2. Je suppose que cette épouse est Satchî, c’est-à-dire la prière, ou l’œuvre du sacrifice. Cependant, ce pourrait être aussi l’épouse d’Agni, c’est-à-dire la libation versée sur le feu qui la porte, et montant sur le char du sacrifice.
  3. Ce pourrait être aussi bien le Ciel et la Terre.