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[Lect. VII.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

nent vers toi comme les (vaches) nourricières (viennent) vers leur veau.

26. Ton amitié est difficile à détruire. Ô héros, que ton serviteur désire une vache ou un cheval, tu produis pour lui et cette vache et ce cheval.

27. Jouis donc avec ton grand corps de nos libations, et que nous profitions de ton bonheur. Ne laisse pas ton chantre à l’affront.

28. Ô (dieu) que nous honorons par nos chants et nos libations, nos hymnes doivent être pour toi ce que la vache nourricière est pour le veau.

29. (Dieu) puissant, que vers toi s’élèvent les hymnes de tes chantres avec les offrandes de tes serviteurs dévoués.

30. Ô Indra, que nos louanges te touchent, et que ton nom en soit surtout exalté. Comble-nous de tes richesses.

31. (Que le dieu nommé) Vrivou[1] vienne, tel que le large Cakcha[2] du Gange, se placer sur la tête grossie des Panis.

32. Que les dons de ce Vrivou, aussi rapide que le Vent, tombent sur nous par milliers. Il est disposé à glorifier le serviteur libéral envers lui.

33. C’est ainsi que tous nos pères de famille, avec les poëtes, chantent ce Vrivou, ce seigneur qui répand par milliers ses présents (sur la terre).


HYMNE XVIII.
À Indra, par Samyou.
(Mètre : Vrihatî.)

1. Poëtes (dévoués), nous t’invoquons pour obtenir de toi l’abondance. Ô Indra, ô maître des hommes pieux, les mortels t’(appellent) contre leurs ennemis, dans les combats où les portent leurs coursiers.

2. Ô admirable Indra, ô (dieu) dont le bras est armé de la foudre, nous te louons pour ta force. (Ton serviteur) a le désir de la victoire ; accorde lui un riche butin de vaches et de chevaux.

3. Nous invoquons Indra, qui est sage et vainqueur de ses ennemis. Ô maître des hommes pieux, ô (dieu) souverainement libéral et fécond, fais notre bonheur dans les combats.

4. Tu possèdes, pour terrasser tes ennemis, la vigueur du taureau. Quand tu les combats, quand tu les réduis en poussière, tu te montres digne de nos chants. (Dieu) sauveur, protége-nous dans le combat ; donne-nous des enfants, la (jouissance) des ondes et la (vue) du soleil.

5. Ô merveilleux Indra, (dieu) à la face superbe, à la main armée du tonnerre, apporte nous cette abondance pleine, puissante, supérieure dont tu remplis le ciel et la terre.

6. Roi protecteur, nous t’invoquons entre les Dieux, ô toi, auxiliaire formidable, vainqueur suprême. Donne-nous une victoire facile sur tous les méchants Rakchasas.

7. L’éclat et la force nécessaires aux enfants de Nahoucha[3], la nourriture que demandent les cinq espèces d’êtres, enfin tous les actes les plus virils, voilà, ô Indra, ce que nous attendons de toi.

8. Ô Maghavan, cette force que tu as déployée devant les hommes en faveur de Trickchou, de Drouhyou, de Poûrou[4], accorde-nous-la, pour nous faire vaincre nos ennemis au milieu des combats.

9. Ô Indra, ton heureuse protection s’étend sur les trois mondes et sur les trois saisons[5]. Daigne nous favoriser, nos Seigneurs et moi. Emploie pour nous ton arme brillante.

10. Les ennemis qui désirent s’emparer de nos vaches nous attaquent avec courage. Ô magnifique Indra, nous te chantons ; sois le gardien de nos corps, et reste près de nous.

11. Ô Indra, fais notre bonheur ; conduis-nous heureusement dans le combat, au moment où volent dans les airs les traits ailés, à la tête aiguë.

12. Quand nos héros étendent leurs corps pour couvrir et défendre leurs pères, alors prête

  1. Vrivou est un mot de la même famille que Vritra : il exprime l’idée de couvrir ; ce qui convient au nuage, qui couvre le ciel. Vrivou me semble donc devoir être une épithète d’Indra considéré dans le nuage qui féconde la terre et devient la source de tous les biens. Dans les Lois de Manou, livre X, st. 107, il y a un passage que le commentateur veut faire rapporter à cet endroit du Rig-Véda. Il y est question de Bharadwâdja qui accepte plusieurs vaches du charpentier Vridhou. Ce rapprochement ne saurait être exact.
  2. Le commentaire ne me donne aucun renseignement sur ce mot cakcha. Je ne sais si c’est un poisson ou toute autre chose. Le seul détail qui me soit donné, c’est que le cakcha existe dans le lit élevé du Gange (gangâyâh coûlé ounnaté bhavah). Le dictionnaire donne le mot comme pouvant être un nom de plante, un nom du buffle.
  3. Les enfants de Nahoucha, suivant le commentaire, ce sont les humains. Voy. cependant la note 1 de la page 300, col. 1.
  4. Ce sont les noms de trois princes anciens, dont le premier n’a pas encore été nommé.
  5. La saison du froid, celle du chaud, et celle des pluies, sitochnavarcha.