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[Lect. VIII.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

dans l’enceinte sacrée ; pieux sacrificateur, il suit le cours de la prière, et, au milieu de la vénérable assemblée, il célèbre, entouré d’offrandes, la naissance des dieux.

13. Ô Agni, écarte loin de nous le méchant ennemi, le brigand qui nous poursuit. Ô maître des mortels pieux, fais que sa voie soit bien éloignée de la nôtre.

14. Ô Soma, les mortiers t’attendent par amour pour nous. Donne la mort à Pani, qui dévore (le nuage). C’est un brigand[1].

15. Ô (dieux) qui avez Indra pour chef, vous êtes généreux et brillants. Soyez nos sauveurs, et aplanissez notre voie.

16. Nous sommes entrés dans cette voie de bonheur et d’innocence, d’où sont écartés tous les ennemis, où sont réunis tous les biens.


HYMNE V.
Aux Viswadévas, par Ridjiswan.
(Mètres : Trichtoubh, Gâyatrî et Djagatî.)

1. Si je pouvais m’abstenir d’honorer les Dieux du ciel et de la terre, si je me dispensais du sacrifice et des œuvres pieuses, je mériterais que les nuages (d’Indra) me fissent faute. Le sacrificateur d’Atiyâdja[2] serait répréhensible.

2. Ô Marouts, que vos traits soient funestes pour celui qui nous insulte ou qui blâme notre piété ! Que (l’astre) éclatant de lumière brûle cet ennemi de nos cérémonies !

3. Ô (Indra)[3], n’es-tu pas le gardien de la chose sainte, notre défenseur contre nos ennemis ? Tu vois que nous sommes en butte au blâme. Envoie à l’adversaire de nos sacrifices un trait brûlant.

4. Que les Aurores présentes me conservent ! Que les Rivières, aux flots gonflés, que les Montagnes solides, que les Pitris, me protégent dans le sacrifice !

5. Puissions-nous toujours être heureusement animés ! Puissions-nous voir (longtemps) le lever du soleil ! Puissions-nous avoir la faveur du maître des trésors, (d’Agni), qui porte les Dieux, et qui s’empresse de venir à notre secours !

6. Qu’Indra, prompt à nous secourir, que Saraswatî, humide des ondes (du sacrifice)[4], que Pardjanya avec les Plantes, que l’admirable Agni soit loué et invoqué par nous comme un père.

7. Ô Viswadévas, arrivez, écoutez mon invocation. Asseyez-vous sur ce gazon.

8. Ô Viswadévas, venez vers celui qui vous honore avec l’holocauste et les flots du ghrita.

9. Que ces (dieux), qui boivent[5] le breuvage d’immortalité, soient cléments pour nous.

10. Que les Viswadévas, agrandis par le sacrifice, viennent avec les Ritous écouter notre invocation et goûter le lait de nos libations.

11. Qu’Indra, accompagné des Marouts et de Twachtri, que Mitra et Aryaman aiment nos holocaustes.

12. Ô sage sacrificateur, ô Agni, honore la divine famille par de justes et convenables hommages.

13. Ô Viswadévas, qui habitez l’air et le ciel, (dieux) adorables, qui avez Agni pour langue, écoutez ma prière, et réjouissez-vous, assis sur ce gazon.

14. Que les vénérables Viswadévas, que le Ciel et la Terre, et le petit-fils des Ondes, entendent mes vœux. Que vos noms soient invoqués partout, et que nous puissions nous réjouir de votre présence et de vos secours.

15. Que ces grands dieux de la terre, du ciel et des ondes[6], possesseurs des trésors magiques d’Ahi, exaucent nos vœux, et pourvoient chaque jour à notre existence.

16. Ô Agni et Pardjanya, également adorables, écoutez nos louanges ; comblez les vœux que nous formons dans ce sacrifice. L’un (de vous) fait naître les aliments, l’autre les mûrit. Donnez-nous une abondance qui nourrisse un grand nombre d’enfants.

17. Ô Viswadévas adorables, pour vous j’ai étendu le gazon, j’ai allumé le feu (sacré), et je vous ai honorés par mon hymne et par mes invocations. Réjouissez-vous aujourd’hui de notre sacrifice et de nos holocaustes.

  1. Ici est le mot Vrika, et l’application qu’on doit en faire me paraît certaine.
  2. C’est, dit le commentateur, un Richi, peut-être fils de Ridjiswan.
  3. Le commentaire croit que l’apostrophe s’adresse à Soma.
  4. Le commentateur rappelle, par l’épithète Nadiroûpâ, la légende qui fait de Saraswatî une rivière.
  5. Dans le mot soûnavah le commentateur trouve le sens de fils de Pradjâpati.
  6. C’est-à-dire de l’air, où sont les nuages.