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[Lect. I.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

avez affermi le Ciel, qui avez étendu la Terre notre mère.

3. Ô Indra et Soma, vous avez donné la mort à Vritra, à Ahi qui retenait les Ondes. Le Ciel vous a applaudis. Vous avez délivré les eaux des rivières ; vous avez étendu toutes les mers.

4. Ô Indra et Soma, vous avez rempli les mamelles desséchées des vaches (célestes). Vous avez brisé les chaînes de ces brillantes prisonnières.

5. Ô Indra et Soma, vous pouvez donner une opulence honorable, victorieuse, accompagnée d’une (belle) famille. Ô (Dieux) terribles, vous accordez aux hommes une force mâle et triomphante au milieu des batailles.


HYMNE XII.
À Agni, par Bharadwâdja.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Le premier-né (d’entre les dieux), fils d’Angiras[1], et surnommé Vrihaspati[2], notre père généreux et juste, qui fend les nuages, qui habite deux mondes, qui, par l’holocauste, siége sur le foyer brûlant, fait entendre sa voix dans le ciel et sur la terre.

2. Vrihaspati, invoqué dans le sacrifice, vient, en faveur des hommes qui l’implorent, s’asseoir sur un trône. Il tue les Ténèbres, brise les villes (des Asouras), et, puissant dans les combats, triomphe de ses ennemis.

3. Le divin Vrihaspati a conquis pour nous tous les biens ; (il nous a ouvert) de grands pâturages, remplis de vaches. Vrihaspati encouragé par nos hymnes nous envoie les ondes, et de son arme invincible frappe l’ennemi de la clarté.


HYMNE XIII.
À Soma et Roudra, par Bharadwâdja.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô Soma et Roudra, mettez (en nous) la force vitale[3] que vous possédez. Que nos offrandes fassent votre ornement. Dans nos demeures vous recevez les sept espèces de libations[4] : soyez-nous favorables ; soyez favorables à tous les êtres, bipèdes ou quadrupèdes.

2. Ô Soma et Roudra, détruisez la Maladie qui vient, dans sa marche traîtresse, pénétrer dans notre maison. Repoussez, terrassez Nirriti[5]. Que le bonheur et l’abondance soient notre partage.

3. Ô Soma et Roudra, donnez-nous tous les remèdes que demande notre santé. Déliez, chassez le mal attaché à nos corps.

4. Ô Soma et Roudra, vous avez des traits aigus, des flèches incisives. Soyez nos sauveurs, et conservez-nous. Délivrez-nous des liens de Varouna[6]. Soyez bons, et gardez-nous.


HYMNE XIV.
À Agni, par Payou, fils de Bharadwâdja.
(Mètres : Trichtoubh, Panktî et Anouchtoubh[7].)

1. La forme (d’Agni) apparaît telle qu’un nuage[8] ; c’est comme une cuirasse au moment du combat. Sois triomphant, et que ton corps se trouve à l’abri du trait. Que la grandeur de ta cuirasse te protége.

2. Puissions-nous avec l’arc (d’Agni) obtenir la victoire et conquérir les vaches (de nos ennemis) ! Cet arc rend impuissants les vœux (de nos adversaires). Puissions-nous avec lui triompher du monde entier.

3. Telle qu’une femme qui, embrassant son ami, semble s’approcher pour lui parler à l’oreille, la corde de l’arc (d’Agni) s’allonge, et résonne pour la victoire.

4. Ainsi (l’arc et sa corde) viennent se toucher : telle l’épouse (s’unit) à son époux, telle la mère (presse) son enfant. Que les deux extrémités de l’arc[9], en se rapprochant, repoussent et tuent nos ennemis.

  1. Voy. page 41, col. 2, note 1.
  2. Voy. page 95, col. 1, note 4.
  3. Asourya.
  4. Saptaratnâni. Voy. page 146, col. 2, note 6.
  5. Déesse du mal. Voy. page 54, col. 2, note 4.
  6. Nous avons déjà vu, page 126, col. 1, note 1, que Varouna, réputé dieu des ténèbres, est considéré aussi comme dieu du mal.
  7. Ici se termine le sixième Mandala, qui porte le nom de Bharadwâdja, et commence le septième, qui est sous le nom de Vasichtha.
  8. Cet hymne, consacré à Agni, le représente comme un roi armé pour le combat. Les différentes parties de son armure sont célébrées. C’est la cuirasse ; c’est-à-dire, cette couche de libations qui est jetée sur le feu, et qui l’enveloppe d’une fumée comparée à un nuage. C’est l’arc avec sa corde ; c’est-à-dire, le brasier qui, sous le souffle du vent, se rétrécit et s’élargit. C’est la flèche ; c’est-à-dire, la flamme qui part du foyer et s’amincit en pointe. C’est le carquois ; c’est-à-dire, le foyer, qui réunit la masse de la flamme.
  9. Le mot que porte le texte est ârtni, qui me semble identique avec ârtti, tel que le porte le Dictionnaire de M. Wilson. Or, le sens que ce Dictionnaire donne au mot ârtti est end of the bow, traduction assez obscure qui semblerait plutôt indiquer la pointe, la corne de l’arc. Je pense qu’il est ici question des deux points qui sont au milieu du bois de l’arc et de la corde, et qui ne s’éloignent que pour chasser la flèche.