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[Lect. III.]
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RIG-VÉDA. — SECTION CINQUIÈME.

11. Ainsi, ô prêtre, ô Vasichtha, tu es fils de Mitra et Varouna, né de leur pensée et d’Ourvasî. La semence est tombée, et tous les Dévas, avec leurs rites sacrés, l’ont reçue dans le Pouchcara[1].

12. Ainsi naquit, pour former le large tissu dont l’Apsarâ (Ourvasî) enveloppe (Agni), Vasichtha, le plus sage et le plus éclairé des êtres dans le ciel et sur la terre, (Vasichtha) qui est la source abondante de tous les biens.

13. (Mitra et Varouna) naissant dans le sacrifice, et touchés des hommages qui leur sont adressés, ont tous deux également jeté dans le vase leur semence (divine). Du milieu de ce vase se leva et s’étendit (Agastya). À ce Richi ainsi né a été donné le nom de Vasichtha[2].

14. Vasichtha dirige le (prêtre) qui chante l’hymne, et celui qui récite la prière : qu’il fasse entendre sa voix plus haut que le bruit du mortier. Ô Tritsous, asseyez-vous près de lui avec de bonnes pensées ! Que Vasichtha vienne à vous !


HYMNE XV.
Aux Viswadévas, par Vasichtha.
(Mètres : Virât, Dwipadâ et Trichtoubh.)

1. Que la brillante et divine Prière vienne à nous, telle qu’un char rapide, bien fabriqué.

2. Au ciel et sur la terre, les Ondes, en entendant (sa voix), naissent et coulent.

3. Pour la gloire d’Indra les Ondes s’amoncellent et s’élargissent. On sait que contre ses ennemis elles sont des héroïnes terribles.

4. Entendez-vous le bruit de ces chevaux ? C’est Indra, le (dieu) tonnant, à la main d’or.

5. Venez donc comme au sacrifice. Courez comme sur la voie (sainte).

6. Allez au combat ; et qu’un héros digne de nos sacrifices soit votre étendard.

7. C’est par sa puissance que la lumière semble exister : il est fort, comme la terre qui supporte de lourds fardeaux.

8. Ô Agni, innocent de crimes j’invoque les dieux. J’allume les feux de Rita, et j’accomplis l’œuvre (sainte).

9. Pour vous-mêmes accueillez la divine Prière ; au milieu des Dévas formez des invocations.

10. Le terrible Varouna, aux mille yeux, regarde l’onde de ces torrents (sacrés).

11. (Varouna) est le roi de la terre, la beauté des ondes. Il a une force invincible, universelle.

12. Sauvez-nous au milieu des nations. Rendez impuissant le discours de notre ennemi.

13. Que le trait de nos adversaires soit sans portée. Éloignez partout le mal de nos corps.

14. Qu’Agni nous conserve ; à lui s’adresse l’hymne que relèvent l’holocauste et les invocations.

15. Il est l’allié des Dévas ; faites votre ami du petit-fils des Ondes[3]. Qu’il nous soit favorable.

16. Je chante dans mon hymne Ahi, l’enfant des Eaux[4]. Il est assis dans les airs, à la source des fleuves.

17. Qu’Ahirboudhnya[5] ne nous livre pas à l’ennemi. Qu’il ne laisse point périr le sacrifice de l’homme pieux.

18. Que les (Marouts) accordent l’abondance à ces fidèles ; qu’ils s’avancent pour nous conquérir la richesse de leur ennemi.

19. Entourés d’une armée nombreuse, et sûrs de leur vigueur, ils ont, (pour détruire) leur adversaire, la chaleur dévorante du soleil.

20. Au moment où les épouses[6] (des dieux) viennent devant nous, que Twachtri[7] aux mains habiles nous donne des enfants courageux.

21. Que Twachtri agrée nos louanges. Qu’il soit pour nous bon et magnifique.

22. Que les (épouses divines) et bienfaisantes nous comblent de leurs présents. Que Rodasî[8], que Varounânî[9] nous entendent. Que Twachtri, avec ces (déesses) protectrices, nous défende, et, maître généreux, qu’il nous accorde la richesse.

  1. Nom du vase de terre, qui sert de foyer. À la vue d’Ourvasî, dit la fable, Mitra et Varouna laissèrent échapper la semence, qui fut recueillie dans le vase de terre. Au lieu de contenir le feu, quelques-uns racontent que le vase était une jarre d’eau ; ce qui doit s’entendre du vase des libations.
  2. Des trois sifflantes de l’alphabet sanscrit, c’est ordinairement la palatale qui se trouve dans le mot Vasichtha. L’auteur, voulant rendre compte de ce nom change ici la palatale en dentale. Vasichtha se traduit par ces mots : in vase stans.
  3. Nom d’Agni.
  4. Ahi est le nuage. Considéré jusqu’à présent comme un être funeste, il est invoqué ici pour la première fois. C’est sans doute le même qu’Ahirboudhnya.
  5. Voy. page 161, col. 2, note 1.
  6. Ce sont les Prières qui passent pour les épouses des dieux.
  7. Twachtri est une forme d’Agni, qui donne l’âme et la beauté du corps.
  8. Voy. page 334, col. 2, note 3.
  9. Voy. page 52, col. 2, note 5.