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[Lect. VI.]
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RIG-VÉDA. — SECTION CINQUIÈME.

l’aiguillon qui dirige les cavales, il fait marcher les grandes Nuits avec les Jours.

2. Le Vent, c’est ton souffle qui agite l’air : (il s’y étend) en semant l’abondance, comme le robuste taureau (s’étend) sur le gazon. En toi (existe) la vaste immensité du Ciel et de la Terre. Ô Varouna, tous les mondes sont à toi.

3. Les fortunés rayons de Varouna voient autour d’eux les belles formes du Ciel et de la Terre. Les prêtres, sages et pieux, affermis dans (la route) du sacrifice, élèvent leurs vœux (vers Varouna).

4. Varouna m’a dit à moi, qui suis éclairé : « La vache (du sacrifice) porte vingt et un noms[1]. » Le (Dieu) sage et prudent s’est approché de moi, pour enseigner à son ami le mystère de la science (sacrée)[2].

5. En lui sont disposés trois mondes, trois régions qui se tiennent, et sont gouvernées par six (saisons)[3]. Le sage roi, Varouna, a fait dans le ciel un char d’or qui apporte la lumière.

6. Brillant comme le soleil, Varouna traverse l’océan (céleste) ; (il apparaît) humide de rosée, tel qu’un robuste cerf ; objet de nos louanges sincères, (ce dieu) a mesuré l’air ; il est au-dessus de tout par sa force. Il est roi de tout ce qui existe.

7. Exempts de péché, puissions-nous plaire à Varouna, qui est doux même envers le pécheur.

Puissions-nous augmenter la gloire du puissant (fils d’) Aditi ! Et vous, secondez-nous toujours de vos bénédictions.


HYMNE VIII.
À Indra et Varouna, par Vasichta.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Vasichtha apporte au généreux Varouna une prière pure et agréable, (à Varouna) qui a créé (cet astre) grand, fécond, adorable, qui vient vers nous avec ses innombrables présents.

2. Je veux célébrer la face de Varouna comparable à celle d’Agni, au moment où la Lumière, avide de boire le soma (qui repose) dans notre mortier, ramène sa forme sous ma vue.

3. Ô (Indra et) Varouna, quand vous montez sur votre vaisseau pour traverser notre mer, quand vous passez sur la cime des vagues, vous vous balancez sur votre proue en brillant (sur le monde).

4. Varouna a reçu Vasichtha sur son vaisseau ; il a soutenu le sage par ses hauts faits ; et, (dieu) prudent, il a, au milieu d’une suite de jours sereins, prolongé la vie de son chantre, et fait lever pour lui d’heureuses Aurores.

5. Que sont devenues nos amitiés ? jadis vous vous montriez fidèles à un (serviteur) innocent. Ô généreux Varouna, je suis entré dans la vaste et large maison, qui a mille portes.

6. Ô Varouna, celui qui a toujours été ton parent chéri a péché envers toi : qu’il (redevienne) ton ami ! (Dieu) adorable et sage, que le bonheur nous soit refusé, quand nous sommes coupables. Accorde ta protection à celui qui te loue.

7. Puissions-nous posséder constamment d’heureuses habitations ! Que Varouna nous délivre de nos chaînes ! Que la présence (du fils) d’Aditi nous donne le bonheur ! Et vous, secondez-nous toujours de vos bénédictions.


HYMNE IX.
À Varouna, par Vasichta.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô royal Varouna, ne me laisse pas aller dans la maison de terre[4]. Sois bon, (dieu) fort, sois généreux.

  1. Ce passage est diversement expliqué. Le mot aghnyâ, synonyme de gôh (vache), est pris, comme nous le savons, dans plusieurs acceptions différentes. D’abord il s’emploie pour signifier la terre ; et, dans ce sens, le commentaire dit qu’il est fait allusion aux vingt et un noms de la terre. D’un autre côté, gôh est la vache du sacrifice, c’est-à-dire, soit la flamme d’Agni, soit la prière (vâg). On représenterait cette vache comme portant attachés à sa tête, à sa gorge et à sa poitrine, vingt et un noms. Quels seraient ces noms ? Si c’est la prière, ces noms désigneraient vingt et une espèces de mètres ; si c’est la flamme d’Agni, ce seraient vingt et une espèces de sacrifices ou d’offrandes. Je rendrais de préférence le mot namâni par invocations. Le nombre 21 est mystérieux. Nous avons vu plus haut, lecture ii, hymne xvii, st. 11, que le siége du sacrifice est formé de vingt et une tiges de Cousa, et qu’Indra frappe vingt et un Asouras. Sect. II, lect. v, hymn. viii, st. 12 et 14, il est question de vingt et une flammes ; et la note 6, page 164, col. 2, cherche à expliquer ce nombre sacré, multiple de 3 et 7, également sacrés. (Voy. page 146, col. 2, note 6.) En effet, on compte trois feux, qui ont chacun sept rayons, ou bien trois sacrifices, auxquels concourent sept genres de mètres : la multiplication de ces deux nombres donne 21.
  2. Le mot pada est présenté par le commentaire comme signifiant séjour céleste. J’ai pensé qu’il voulait dire mot, ou fragment de vers.
  3. Cette phrase pourrait se modifier, et présenter le sens qu’indique la note 2, page 299, col. 1.
  4. Je suppose que c’est le tombeau.