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[Lect. VI.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

vaches, des chevaux, de l’or. Accordez-nous ces biens.

10. Ô Indra et Agni, renommés pour vos coursiers, (venez) à la voix de ces hommes religieux qui vous invoquent en versant le soma.

11. Ô (Dieux) vainqueurs de Vritra, qui vous réjouissez de nos hymnes et de nos chants, (venez) vers ceux qui vous honorent par leurs louanges.

12. Il est un mortel infâme, insensé, fort et heureux dans le mal. De votre trait percez-le comme une outre ; oui, percez-le de votre trait.


HYMNE XV.
À Saraswati, par Vasichta.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Les ondes salutaires de Saraswatî coulent pour nous protéger. La (déesse) est pour nous comme une ville de fer. Elle va, aussi rapide qu’un char ; c’est un vaste torrent plus impétueux que tous les autres.

2. Saraswatî[1] est la première des rivières ; riche et pure, elle descend des collines pour couler jusqu’à la mer. Elle enlève le lait de l’enfant de Nahoucha,[2] pour en faire le beurre du monde.

3. Cependant, pour le bonheur des hommes, le généreux (Saraswân)[3] naît et croît au milieu des déesses du sacrifice[4]. Il donne aux opulents (chefs de maison) un puissant (héritier) ; il couvre leur personne de riches ornements.

4. Ainsi, que Saraswatî vienne avec tous ses présents dans notre sacrifice, et entende nos vœux. Qu’elle (apparaisse) entourée de ses vénérables amis, (les Angiras), aux humbles genoux, et accompagnée de la Richesse.

5. Nous vous adressons nos invocations. Ô Saraswatî, aime nos louanges. Nous nous plaçons sous ta protection chérie, comme sous l’ombre d’un arbre tutélaire.

6. Ô brillante et fortunée Saraswatî, Vasichtha a ouvert les portes de ton sacrifice. Accorde à celui qui te loue une abondance sans cesse croissante. Et vous, secondez-nous toujours de vos bénédictions.


HYMNE XVI.
À Saraswati et Saraswân, par Vasichta.
(Mètres : Pankti, Vrihatî et Gâyatrî.)

1. Ô Vasichtha, chante un grand hymne en l’honneur de la plus rapide des rivières. Glorifie par tes louanges et par tes chants Saraswatî dans le ciel et sur la terre.

2. Quand les enfants de Poûrou viennent t’apporter tes deux aliments[5], ô (Déesse) grande, brillante et tutélaire, amie des Marouts, accueille nous, et encourage la générosité des riches.

3. Que l’heureuse Saraswatî fasse notre bonheur. Magnifique en pensées, féconde en présents, qu’elle nous assiste, chantée à la manière de Djamadagni, louée à la manière de Vasichtha.

4. Nous venons, (les mains) chargées d’holocaustes, demander des épouses, des enfants ; nous invoquons Saraswân.

5. Ô Saraswân, par tes flots aussi doux que le miel, humides de ghrita, sauve-nous.

6. Nous désirons entendre la grande voix de Saraswân[6] qui brille à tous les yeux. Qu’il nous donne des enfants et d’abondantes moissons.

7. À l’œuvre de Saraswân concourent toutes les Vaches (du sacrifice) ; les Ondes y assistent : le maître de la beauté[7] y prend part. Nous appelons Saraswân à notre secours.


HYMNE XVII.
À Saraswati, par Vasichta.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Dans ce sacrifice où les hommes pieux sont réunis, où ils se livrent à une sainte joie en ver-

  1. Je ne pense pas que Saraswatî doive être ici considérée comme la déification d’une rivière : c’est la déesse du sacrifice avec les libations. Ces libations forment une rivière, qui coule des montagnes où se fait le sacrifice, et où se recueille la plante du soma. Cette rivière coule dans le Samoudra (mer), qui est le vase destiné à recevoir la libation.
  2. La note 1, page 300, col. 1, a expliqué le sens que je donne à Nahoucha. Suivant moi, l’enfant de Nahoucha serait ici le nuage. Cependant le commentaire voit toujours dans ce mot un synonyme du mot homme ; et, en adoptant ce sens, il faudrait modifier la traduction, et dire que pour l’enfant de Nahoucha Saraswatî fait couler le lait.
  3. Le commentateur, suppléant dans ce vers le mot Saraswân, croit que ce mot désigne Vâyou. Je suppose que c’est le Flot de la libation personnifié ; c’est Soma, si ce n’est pas Agni lui-même ou le Sacrifice (Yadjna). M. Wilson indique mon sens en traduisant Saraswân par a male river.
  4. Ce sont les Ondes ou les prières.
  5. Ce sont les deux espèces de libations. Le commentaire voit dans cette expression deux espèces de feux, le feu du ciel et celui de la terre, ou le feu domestique et celui de l’Aranî.
  6. Saraswân, dieu de la libation, existe aussi dans le nuage, où il se fait entendre par la voix du tonnerre ou bien le poëte parle par allusion au bruit que fait la libation en tombant.
  7. Pouchtipati, sans doute Agni.