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[Lect. VII.]
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RIG-VÉDA. — SECTION CINQUIÈME.

23. Que le Rakchasa nous épargne. Éloigne ces êtres malfaisants, qui, cruels et vagabonds, ont des figures d’hommes ou de femmes. Que la Terre nous garde contre le mal qui vient de la Terre, le Ciel contre le mal qui vient du Ciel.

24. Ô Indra, tue cet être ou mâle ou femelle qui emploie une magie pernicieuse. Que les déités de la Mort périssent. Que leurs cols soient brisés, et qu’elles ne voient pas le lever du soleil.

25. Ô Indra, regarde de tous les côtés. Éveille-toi avec Soma. Lancez aux Rakchasas et aux mauvais esprits votre foudre qui donne la mort.


HYMNE V.
À Indra, par Médhâtithi et Médhyâtithi, enfants de Canwa.
(Mètres : Vrihatî et Trichtoubh.)

1. Amis, chantres (et autres ministres), ne cherchez pas un autre hymne ; ne célébrez pas (un autre héros). Chantez le généreux Indra ; prodiguez pour lui les libations et les prières.

2. Fort comme le taureau, invincible comme la vache, il repousse, il abat ses ennemis ; il peut le bien commue le mal ; il est magnifique, et possède les richesses du ciel et de la terre.

3. Tous les mortels t’appellent à leur secours. Ô Indra, nos hommages ajoutent tous les jours à ta grandeur.

4. Les sages et les maîtres puissants des nations s’empressent pour t’honorer. Ô Maghavan, viens, et prends toutes ces offrandes diverses avec lesquelles nous implorons ta protection.

5. Ô (Dieu) qui portes et lances le tonnerre, et qui es riche en présents, quelque prix que l’on me donne de toi, m’offrirait-on et cent et mille et dix mille trésors, je ne consentirai jamais à te céder.

6. Ô Indra, je te préfère à mon père, à un frère qui peut m’abandonner. Tu es pour moi comme un père et une mère. Ô (Dieu) protecteur, je trouve en toi et soutien et fortune.

7. Dans quel endroit es-tu retiré ? Où es-tu ? car ta pensée est en bien des lieux. Viens, ô toi qui brilles dans les combats, et qui brises les villes (célestes), les chantres ont commencé leurs hymnes.

8. Au nom du sacrificateur, chantez l’hymne en l’honneur de celui qui détruit les villes (célestes). Que ce (dieu) armé de la foudre brise ces villes, et vienne s’asseoir sur le gazon d’un fils de Canwa.

9. Viens promptement vers nous avec tes dix, tes cent, tes mille coursiers généreux et rapides.

10. J’invoque aujourd’hui Indra sous la forme adorable d’une vache féconde, (vache) céleste, qui nous donne les flots de son lait nourricier, et fait l’ornement de la nature.

11. Quand Soûrya accablait Étasa, Satacratou (attela à son char) les deux rapides coursiers du Vent, et prit avec lui Coutsa, le fils d’Ardjounî[1]. Il attaqua le Gandharwa[2] (céleste), sans pourtant le blesser.

12. C’est le riche Maghavan qui brise le col de ces corps (aériens), et qui, après les avoir coupés en morceaux, les réunit de nouveau pour l’ornement du monde.

13. Ô Indra, nous ne voulons pas être comme de vils transfuges qui s’adresseraient à un autre que toi. (Ô Dieu) tonnant, (fais que nous ne soyons pas) tels que des arbres privés de leurs branches. Nous te supplions de nous garder à l’abri (de tout mal).

14. Ô héros vainqueur de Vritra, faibles, épuisés, nous te prions. Puissions-nous une fois recueillir de ta munificence le prix de nos louanges !

15. Qu’Indra daigne écouter mon hymne, et nos libations abondantes sortiront avec rapidité de leur vase pour faire sa joie.

16. Viens aujourd’hui recevoir les louanges de l’ami qui t’honore. Que l’hymne de tes riches serviteurs monte jusqu’à toi. Je veux que ta gloire soit dignement célébrée.

17. Versez donc le soma ; mêlez-le aux ondes qui reposent dans le mortier. Que les prêtres les épanchent de leurs vases, en les couvrant d’une espèce de vêtement formé avec le laitage[3].

18. De la terre au ciel, large et brillant, grandis ton vaste corps. Ô (Dieu) puissant, remplis ce (monde) que ma prière vient de faire naître.

19. Versez en l’honneur d’Indra un soma choisi, source de mille joies. Que Sacra comble de ses biens un serviteur qui l’honore par ses offrandes et par toutes ses œuvres (pieuses).

20. J’élève vers toi une voix suppliante, en répandant pour toi le soma. Je ne veux point t’offenser, toi qui soutiens le monde comme un

  1. Voy. p. 239, col. 2, note 1 ; p. 241, col. 1, note 1.
  2. Nom du soleil.
  3. Allusion à ce nuage blanc que doit former le mélange du caillé avec le soma.