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[Lect. IV.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

se livre à l’œuvre (pieuse), qui présente l’holocauste. Vos secours sont invincibles ; oui, vos secours sont tout-puissants.

17. De même que nous accumulons pour notre fortune et capitaux et intérêts, de même, en faveur de Trita, nous réunissons toutes les œuvres qui nous tiennent éveillés. Vos secours sont invincibles ; oui, vos secours sont tout-puissants.

18. Puissions-nous obtenir la victoire et la richesse ! puissions-nous rester sans reproches ! Ô Aurore, repousse ce qui pourrait nous faire craindre (le jour) qui nous éveille. Vos secours sont invincibles ; oui, vos secours sont tout-puissants.


HYMNE III.
À Soma, par Pragatha, fils de Canwa.
(Mètres : Trichtoubh et Djagatî.)

1. Animé de sages et pieuses pensées, je veux prendre le miel doux et nourrissant de ce (maître) éclairé près duquel accourent tous les dieux et les mortels.

2. Descends au fond (des cœurs). Sois assez fort pour arrêter la colère divine. Ô Indou[1], ô toi qui cultives l’amitié d’Indra, ouvre-nous la porte d’une heureuse opulence.

3. Ô immortel Soma, buvons (ta liqueur). Soyons immortels (comme toi). Allons à la lumière, et connaissons les dieux. Que peut contre nous l’ennemi ? Que peut un mortel méchant ?

4. Coule heureusement jusqu’à notre cœur, ô Soma, ô doux breuvage, et sois pour nous de même qu’un bon père pour son enfant. Ô sage et illustre Soma, montre-toi comme un véritable ami, et prolonge notre vie.

5. Que ces liqueurs glorieuses et libératrices, de même que les bœufs (conduisent heureusement) le char auquel ils sont attelés, me conservent des atteintes de la vieillesse, et me sauvent de la fatigue.

6. On allume le feu en l’agitant. Ô Soma, étouffe-moi de la même manière. Agis en maître, et donne-nous l’opulence. Dans l’ivresse que tu me causes, je t’implore. Tu es riche ; viens nous orner de ta richesse.

7. Ô royal Soma, nous désirons obtenir ton breuvage, comme un héritage paternel. Prolonge notre vie, de même que le soleil (multiplie) les jours qui font l’ornement (du monde).

8. Ô royal Soma, accorde-nous ta bénédiction. Nous sommes tes serviteurs. Écoute-nous. Notre ennemi courroucé vient en nous menaçant. Ô Indra, ne nous livre pas à son caprice.

9. Ô divin Soma, tu es le gardien de nos corps ; tu circules dans tous nos membres, et tu surveilles nos actions. Si jamais nous manquons à tes œuvres, sois un ami assez généreux pour nous pardonner.

10. Ô (Dieu) que traînent deux chevaux azurés, je veux être l’ami de celui qui coule doucement dans ma poitrine, et m’abreuve de son flot salutaire. Au nom de ce soma préparé par nous, je prie Indra de protéger mes jours.

11. Que les Maladies reculent épouvantées ; qu’elles tremblent sans pouvoir avancer, et se perdent dans les ténèbres. Que le grand Soma s’élève vers nous ; il vient nous apporter une longue vie.

12. Ô pères (du sacrifice), que cette liqueur immortelle pénètre le cœur des mortels ; que Soma soit honoré par l’holocauste. Que nous obtenions des preuves de sa faveur et de sa bienveillance.

13. Ô Dieux sauveurs, soyez-nous favorables. Ne nous laissez pas en proie au sommeil, ni au blâme. Que chaque jour, amis de Soma et entourés d’enfants courageux, nous vous adressions l’hommage du sacrifice.

14. Viens donc, ô Soma, toi qui donnes l’abondance, qui connais la félicité, qui surveilles nos œuvres. Ô Indou, ô toi qu’accompagnent les (Marouts), auxiliaires (d’Indra), garde-nous de tous les côtés.


HYMNE IV[2].
À Agni, par Bharga, fils de Pragatha.
(Mètre : Vrihatî.)

1. Ô Agni, viens avec les Feux. Nous t’honorons comme sacrificateur. Que l’onctueuse libation te soit présentée, à toi grand pontife assis sur le gazon.

  1. Nom du Soma.
  2. Les manuscrits du texte donnent ici 19 vargas dont il n’est point question dans les commentaires. Je n’ai pas cru devoir les traduire. Ce n’est point une lacune dans les commentaires. La division par anouvâkas et par vargas est complète. Ici finit le sixième anouvâka du huitième mandala, et commence le septième anouvâka. Ici finit le treizième varga de la lecture iv de la sixième section, et commence le quatorzième, lequel dans les manuscrits du texte se trouve être le trente-deuxième. J’ai cru que c’était là une interpolation, dont le caractère n’est point celui des interpolations que nous avons déjà rencontrées. C’était autrefois un style lâche, énervé, évidemment moderne : ici c’est le style ordinaire du Rig-Véda ; mais les phrases paraissent formées en grande partie de centons connus. Le commentaire ayant passé sous silence ces divers morceaux, m’a semblé les avoir condamnés.