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[Lect. II.]
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RIG-VÉDA. — SECTION SEPTIÈME.

de Soûrya, il est le père de nos prières ; il aime les travaux de nos sages.

5. Comme le taureau s’approche de ses vaches, tu visites aussi, en résonnant, ô (Dieu) fécond, le trésor des Ondes. Tu coules pour le bonheur d’Indra. Puissions-nous, secondés par toi, triompher dans les combats !


HYMNE II.
À Soma, par Cavi.
(Mètre : Djagatî.)

1. Aussi doux que le miel, (Soma) a fait entendre sa voix dans le vase (du sacrifice) ; fort comme la foudre d’Indra, il est encore le plus beau des êtres. Les vaches de Rita, humides de ghrita, en mugissant lui apportent leur lait.

2. Il vient, ce (dieu) antique, que l’épervier (poétique)[1] a fait descendre du ciel à travers les airs ; qu’il a uni au miel (de la libation), tremblant de crainte devant l’archer Crisânou[2].

3. Qu’elles arrivent donc vers nous dès le matin, ces Libations que nous mêlons avec le lait de nos vaches. Belles comme de charmantes femmes, qu’elles fassent l’ornement de nos cérémonies et de nos holocaustes.

4. Que le sage Indou, honoré par nos chants et attiré par nos prières, frappe nos ennemis. Dans le séjour du grand (Agni) il a été reçu comme enfant, et il s’étend dans le vaste pâturage des Vaches (divines).

5. Ce (dieu) grand et invincible, (que l’on surnomme) Varouna, cette liqueur du sacrifice qui a formé l’être brillant, vient au secours de (l’homme) malheureux. Au milieu de nos maux, il est tel que l’adorable Mitra. Il (arrive) avec bruit, de même que le coursier hennissant au milieu de ses compagnes.


HYMNE III.
À Soma, par Cavi.
(Mètre : Djagatî.)

1. Le royal (Soma) a fait résonner sa voix. Il coule pour s’unir aux Ondes et au (lait) de la Vache. Le feutre de laine a retenu sa vieille dépouille, et son corps purifié descend dans la coupe des dieux.

2. Ô sage et intelligent Soma, les prêtres versent tes flots en l’honneur d’Indra, et tu coules dans leurs coupes. Les hymnes sont prodigués pour exciter ton ardeur ; pareils à des coursiers, tes mille rayons s’échappent du pressoir.

3. Les Apsaras qui siégent dans le Samoudra[3] assistent le sage Soma, et précipitent ses flots. Elles lancent ce (dieu) qui doit conquérir le ciel ; elles honorent ce maître pur et invincible.

4. Il coule pour nous, ce Soma dont la victoire doit nous procurer tous les biens, des vaches, des chars, de l’or, la lumière et les ondes. Les Dévas, pour qu’il fût l’auteur d’une douce ivresse, ont fait ce jus admirable et doré.

5. Ô pur Soma, si tu nous es dévoué, nous attendons de toi une juste récompense. Comble-nous de biens ; triomphe de notre ennemi, et de loin comme de près assure-nous la tranquillité, et la jouissance d’un vaste pâturage.


HYMNE IV.
À Soma, par Cavi.
(Mètre : Djagatî.)

1. Que ces brillantes et paisibles liqueurs viennent à nous et coulent dans nos sacrifices. Que les biens des impies deviennent notre partage. Que nos œuvres nous en rendent maîtres.

2. Viennent donc ces liqueurs enivrantes et ces offrandes, qui nous donnent promptement la victoire sur un superbe ennemi, et qui nous livrent de toute part ses dépouilles.

3. Ainsi Soma triomphe de ses adversaires. Il détruit aussi notre ennemi. Que ta colère soit pour eux ce qu’est la soif dans le désert. Ô pur Soma, donne la mort à ces insensés !

4. Les premières gouttes de ton jus ont été prises au ciel, ton berceau. Les tiges (de la plante) ont grandi sur la terre. Les mortiers t’ont brisé. Les sages, avec leurs doigts, t’ont purifié sur la peau de vache et au milieu des ondes.

5. C’est ainsi, ô Indou, que les (prêtres) savent te ravir le précieux trésor de ton jus superbe et merveilleux. Ô (Dieu) pur, repousse nos ennemis ; manifeste la force de ton breuvage enivrant.

  1. La Gâyatrî, ou tout autre mètre.
  2. Nous avons vu, page 248, col. 1, note 1, que Crisânou est un nom d’Agni. Le commentaire regarde Crisânou comme le gardien du Soma, Somapala.
  3. Les Apsaras sont les Ondes personnifiées ; et ce sont ici les Ondes qui reposent dans le vase des libations, appelé Samoudra. Le commentaire croit qu’il est ici question de l’Air et de ses Nymphes.