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[Lect. IV.]
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RIG-VÉDA. — SECTION SEPTIÈME.

cations, et en faveur de ses amis il prend son vêtement de fête.

2. Les (doigts) brillants (des prêtres) purifient le jus (de Soma), qui n’a pas encore été mêlé avec les (ondes) rapides et (le lait) des offrandes. Le sage ami d’Indra monte sur son char, et se présente avec lui pour recueillir nos hommages.

3. Ô divin Soma, viens dans notre sacrifice, et sois la noble boisson d’Indra. Ô (Dieu) pur, tu formes les eaux, tu fais descendre la pluie du ciel. Du haut des airs envoie-nous tes présents.

4. Viens à notre large banquet ; (apporte-nous) le bonheur, la victoire, la perte (de nos ennemis). Tels sont les vœux de tous tes amis ici présents ; ô pur Soma, tel est mon souhait.

5. Il vient, ce Soma, qui est le père des Prières, le père du Ciel et de la Terre, le père d’Agni, du Soleil, d’Indra, et de Vichnou.

6. Pontife parmi les Dévas, il est le plus éclairé des poëtes, le plus sage des Richis. Tel est le buffle parmi les animaux sauvages, l’épervier parmi les oiseaux de proie, la hache parmi les instruments de destruction. Soma arrive en chantant au vase des lustrations.

7. Le pur Soma, ainsi que le fleuve qui précipite ses flots, donne l’essor aux prières, aux hymnes. De l’asile qu’il s’est choisi, il voit toutes les traverses qu’il doit subir, et vient généreusement s’unir (au lait) des vaches.

8. Ô (Dieu) invincible, qui donnes le bonheur et le triomphe, qui coules par mille torrents, prouve ta vigueur. Ô Sage et pur Indou, en l’honneur d’Indra, précipite tes flots confondus avec le (lait) des vaches.

9. Présenté comme offrande, l’aimable Soma remplit le vase (du sacrifice), et enivre Indra. Indou coule par mille ruisseaux ; il est chargé de cent aliments, et, tel qu’un coursier vigoureux, il vole aux combats.

10. Ce (dieu) antique, possesseur de la richesse, vient de naître : broyé dans le mortier, jeté au sein des ondes, il se purifie, et ce roi du monde, ce puissant vainqueur indique la voie du sacrifice.

11. Ô pur Soma, les anciens sages, nos pères, ont avec toi accompli leurs œuvres. Généreux et invincible, déchire les voiles qui nous entourent, et sois pour nous libéral en héros et en coursiers.

12. Ô (Dieu) qui extermines tes ennemis, qui possèdes tous les biens et chéris l’holocauste, tu as jadis nourri Manou. Accorde-nous aussi tes présents. Apparais en l’honneur d’Indra, et fais briller tes armes.

13. Ô juste et doux Soma, descends sur le filtre de laine, et revêts-toi des ondes. Place-toi dans ces vases remplis d’un beurre (sacré), et que ta liqueur enivre heureusement Indra.

14. (Maître) fort et bienfaisant, qui coules par mille torrents, viens dans le sacrifice, et envoie nous ta pluie céleste. Unis-toi dans le vase (saint) aux ondes et au lait, et prolonge notre vie.

15. Soma purifié par la prière ressemble à un coursier vigoureux, et il triomphe de ses ennemis. Il est comme le lait savoureux que donne Aditi ; il est comme le cheval heureusement dressé qui nous emporte dans la plaine.

16. Paré de tes belles armes, et purifié par les prêtres, viens recevoir l’hommage mystérieux que nous t’adressons. Ô divin Soma avec la rapidité du coursier qui vient à pâture, apporte-nous l’abondance, la santé ; (donne-nous) des vaches (fécondes).

17. La troupe des Marouts purifie et pare l’aimable nourrisson qui vient de naître, et qui nous apporte (tous les biens). Le sage Soma, né par l’œuvre des sages, va en chantant te mêler dans le vase des lustrations, au (lait) de la vache.

18. Il a l’esprit d’un Richi ; il en a aussi les œuvres. Il donne le bonheur, il peut nous guider par mille chemins ; il connaît les voies des sages. Le grand Soma, voulant nous donner le troisième monde[1], touché de nos louanges, l’a tiré des ténèbres et orné de sa lumière.

19. Il siége au vase (des lustrations). Tel qu’un puissant épervier, il vole, et s’empare des vaches (du sacrifice). Il envoie son humide rosée, et agite ses armes (brillantes). Il s’étend dans le Samoudra, trésor des eaux (sacrées) ; et ce grand

  1. Nous avons déjà vu plus haut, lect. ii, hymne x, st. 6, cette expression de troisième monde que nous avons négligé d’expliquer, quoique nous soyons du même avis que le commentaire sur le sens qu’on doit lui donner. Le commentaire croit ici que c’est le Ciel (Dyouloka). Je pense que c’est la terre, et même, dans une signification restreinte, la terre du sacrifice, où vient briller Soma jeté en libation sur le foyer. Le ciel me semble être le premier monde, l’air le deuxième, et la terre le troisième. Il va tout à l’heure être question d’un quatrième monde.