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[Lect. I.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.
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8. Je tue les (Asouras gardiens des) sept (torrents) ; parmi ceux qui enchaînent, c’est moi qui sais le mieux enchaîner[1]. J’ai fait par ma puissance la gloire de Tourvasa et d’Yadou. Un autre (me chantait) ; je lui ai prêté ma force. J’ai ouvert et grossi les quatre-vingt-dix-neuf (rivières célestes).

9. J’ai rempli d’eaux rapides et abondantes les sept torrents qui descendent sur la terre. Ma force bienfaisante amené les Ondes. Ma victoire remplit tous les vœux de Manou.

10. Au sein de ces rivières, dans la mamelle de ces Vaches (célestes) j’ai déposé un lait désirable et pur, tel que le divin Twachtri lui-même ne saurait le donner, un miel délicieux, un soma fortuné.

11. (Le poëte parle.) C’est ainsi que le magnifique Indra, juste en sa munificence, s’est présenté avec force aux dieux et aux hommes. Ô (Dieu) puissant que traînent deux coursiers azurés, et qui brilles avec tant de gloire, tels sont tous tes hauts faits ; les (prêtres) te célèbrent avec empressement.


HYMNE V.
À Indra, par Saptagou.
(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Ô prêtre, honore avec l’offrande (sainte) le grand Indra, qui forme et dirige le monde, dont le Ciel et la Terre vénèrent et la magnifique puissance et l’abondance incomparable.

2. Quand Indra daigne se montrer l’ami des hommes, c’est un roi digne de tous les hommages de serviteurs tels que moi. Ô héros, maître de la piété, lorsque tu daignes te charger du fardeau (de la pluie) et nous envoyer l’abondance, quand tu t’enveloppes dans les ténèbres des ondes, tu mérites nos éloges.

3. Ô Indra, quels sont ces hommes qui viennent à toi pour obtenir la fertilité, le bonheur et l’opulence ? qui offrent (le sacrifice) pour que la force et la vie leur soient données, pour que la fécondité soit répandue dans les ondes, dans les champs, dans tous les êtres ?

4. Ô sage et prudent Indra, sois grand avec nos saintes cérémonies. Sois honoré dans tous nos sacrifices. Sois notre soutien dans tous les combats. Sois pour nous le meilleur des talismans[2].

5. Conserve tous ceux qui t’honorent dans le sacrifice, ô toi qui es notre aîné ! Les hommes connaissent ta grande puissance. Sois immortel, et continue à croître. Tu peux rendre féconds tous nos holocaustes.

6. Oui, tu peux rendre féconds tous les holocaustes que nous t’adressons, ô fils de la Force ! Pour toi, (Dieu) puissant et protecteur, ces coupes, ces offrandes, ces cérémonies, ces prières, ces rites, ces chants !

7. Ô (Dieu) sage, qui donnes la richesse et l’opulence, fais que ceux qui t’honorent au milieu des libations puissent, dans la sainte ivresse inspirée par le soma, obtenir, pour prix de leurs prières et de leurs œuvres, le bonheur qu’ils demandent !


HYMNE VI.
Dialogue entre Agni et les Dévas, par Agni et les Dévas.
(Mètres : Trichtoubh, Youdj et Ayoudj.)

1. (Les Dévas.) Voici la grande et solide matrice[3] : tu as sans doute bien des demeures ; mais c’est ici que les Ondes te conçoivent. Ô Agni, ô possesseur de tous les biens, un seul Dieu a vu toutes tes formes diverses !

2. (Agni.) Qui m’a aperçu ? quel est le dieu qui a vu mes formes diverses ? Ô Mitra et Varouna, où sont tous les foyers d’Agni que visitent les dieux ?

3. (Les Dévas.) Ô Agni, ô possesseur de tous les biens, nous t’avons vu souvent entrer dans les Eaux, dans les Plantes. Ô (Dieu) qui brilles d’un éclat si varié, Yama a su que tes rayons apparaissaient en dix séjours[4].

4. (Agni.) Ô Varouna, je viens ; mais j’ai peur de l’holocauste. Les Dévas ne m’ont pas encore ici attaché (à leur char). Je suis entré dans bien

  1. Voy. page 331, col. 2, note 3, pour le sens donné au mot nahouch.
  2. Mantra.
  3. Oulva. Le commentaire traduit ce mot par prâvarana faisant sans doute allusion à ce grand vêtement que les nuages jettent sur le ciel. Je crois que le mot oulva doit désigner le foyer : les Ondes sont les libations.
  4. J’aurais supposé que ce sont les dix disas, ou bien les dix demeures de ces dix personnages désignés section VII, lect. vii, hymne ix, stance 15. Mais le commentaire entre dans quelques détails sur ces dix stations d’Agni, qui sont, dit-il, les trois mondes, les trois dieux Agni, Vâyou, Soûrya, les Ondes, les Plantes, les Arbres, et le Prânisariram.