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[Lect. I.]
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RIG-VÉDA. — SECTION HUITIÈME.

veille le monde en apportant une lumière pareille à lui pour la forme, différente dans sa marche[1].

4. Ô brillante Aurore, tu apparais la première, et tu enfantes la plus agréable des lumières. Quand tu descends vers nous, noble sœur (du Soleil), grande est ta splendeur, grande est la vie que tu répands.

5. Cependant le vieux (prêtre) réveille un dieu toujours jeune, qui soutient (le monde) et triomphe de ses nombreux ennemis. Admire la grandeur et la sagesse de ce dieu : il était mort hier, aujourd’hui il respire.

6. Héros puissant, (maître) antique et suprême, il s’avance, tel qu’un oiseau au rouge plumage, qui déserte son nid. Quand sa justice l’approuve, il n’est point de bien désirable qu’il ne puisse nous donner et obtenir par la victoire.

7. (Indra) avec les Marouts féconde la pluie ; il porte la foudre, il brise le nuage, et donne la mort à Vritra. Car ces dieux, distingués par la grandeur de leurs œuvres, sont nés pour répandre l’onde pure.

8. Allié (des Marouts, Indra) produit des merveilles ; tout-puissant, souverainement sage, il attaque et frappe les méchants. Il boit le soma, grandit dans le ciel, et le héros, de son arme victorieuse, abat les Dasyous.


HYMNE XI.
À Agni, sous le nom de Vadgin[2] par Vrihadouktha.
(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Au-dessus de nous est une de tes formes. Il en est une autre (ici-bas), et une troisième dans (l’astre) lumineux. Revêts-toi d’un beau corps, et croîs, ami des dieux, pour ce suprême enfantement.

2. Que ton corps (terrestre), directeur de ton corps (céleste), nous procure à nous le bonheur, à toi la prospérité. Soutiens, sans fléchir, les grands dieux, et prête ta lumière au Soleil.

3. Tu es, Vâdjin, accueilli par l’abondance des offrandes. Ainsi traité, présente-toi à nos louanges, présente-toi dans le ciel ; viens remplir tes hautes et saintes fonctions ; va vers les dieux, va vers (le soleil, qui s’élance (dans l’air).

4. Les Pères (du sacrifice)[3] ont été les maîtres de la grandeur des dieux. Dévas, ils ont donné la force aux Dévas. Ils ont rassemblé les énergiques rayons, et les ont placés dans leurs corps.

5. Ils ont avec puissance parcouru le ciel, repoussant dans l’immensité les bornes de l’orient. Ils ont formé les corps de tous les mondes, et ont ensuite produit les différents êtres.

6. Ils ont par de triples libations affermi la marche du lumineux Asoura. Ces Pères ont eu sur la terre des enfants qui leur ont succédé, et qui, héritiers de la force paternelle, ont propagé les sacrifices.

7. De même qu’on traverse les flots sur un vaisseau dans toutes les directions du monde, de même avec les bénédictions (du sacrifice) on triomphe de tous les maux. Vrihadouktha a eu, sur la terre comme au ciel, un enfant dont la grandeur (fait son orgueil).


HYMNE XII.
Aux Viswadévas[4], par les Gopayanas.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Ne sortons point ; ne nous éloignons pas du sacrifice, où s’offre le soma. Ô Indra, nos ennemis pourraient s’introduire ici.

2. Invoquons celui qui consomme le sacrifice, qui porte aux dieux nos offrandes.

3. Nous appelons son âme, en accompagnant le soma des louanges des prêtres et des prières des Pères.

4. Que ton âme arrive pour l’œuvre sainte,

  1. Je suppose qu’il est ici question de la lumière d’Agni, qui part d’en bas (vivratam). La lumière propre d’Indra vient d’en haut.
  2. Le commentateur dit que Vrihadouktha déplore la mort de son fils appelé Vâdjin. Je pense que ce Vâdjin (escâ plenus) est Agni engraissé par l’offrande. Il est le fils du sacrificateur appelé Pitri. S’il meurt avec le sacrifice, il revient à la vie avec le nouveau sacrifice. Mais cet hymne ne parle point de la mort de Vâdjin.
  3. Ces Pères du sacrifice sont les Angiras, les Rites personnifiés, autrement les Pitris ou Feux (Agnayah).
  4. Cet hymne a un autre titre, qui en exprime mieux l’objet : Mano dévâtâ, c’est-à-dire qu’il est adressé au Manas, à l’âme du monde, qui est Agni. Cette idée était trop simple, et une histoire a été inventée. Ce n’est plus ici Vrihadouktha qui pleure sur la mort d’un fils : ce sont trois frères de la famille des Gopâyanas, Bandhou, Sroutabandhou et Viprabandhou, qui demandent que leur frère Soubandhou revienne à la vie. Ces Gopâyanas étaient les Pourohitas du prince Asamâti, fils d’Ikchwâkou ; celui-ci donna leur charge à deux Mâyâvins, et une querelle s’ensuivit, dans laquelle fut tué Soubandhou. Soubandhou est une épithète d’Agni.