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Page:Langlois - Rig Véda.djvu/585

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[Lect. V.]
577
RIG-VÉDA. — SECTION HUITIÈME.

5. Votre demeure est dans l’Aswattha[1], dans le Palâsa[2]. C’est de vous que nous tenons nos vaches, et Pouroucha lui-même.

6. Ô Plantes, quand vous êtes réunies comme un conseil de rois, (celui qui vous honore) est à la fois prêtre et médecin ; il donne la mort aux Rakchasas, comme il chasse les Maladies.

7. Je chante, pour raffermissement de notre santé, toutes les Plantes, l’Aswâvatî, la Somavatî, l’Oûrdjayantî, l’Oudodjas.

8. Telles que des vaches sortant du pâturage, telles sont les vertus de ces Plantes, qui donnent tous les biens, qui inspirent ton souffle même, ô Pouroucha !

9. Vous avez pour mère Ichcriti[3] ; vous êtes faites pour la parure. Vous êtes vives et légères. Quand (un homme) est malade, c’est vous qui lui rendez sa force.

10. Tout ce qui nous entoure court à la Maladie, comme le voleur (de bestiaux) court au pâturage. Les Plantes chassent la Maladie loin de notre corps.

11. Quand, pour soulager la souffrance, ma main prend ces Plantes, l’esprit de la Maladie périt, ainsi qu’autrefois Djîvagribha[4].

12. Telles qu’un roi entouré de son armée, ô Plantes, vous pénétrez dans nos membres, dans nos jointures, et vous en expulsez la Maladie.

13. Ô Maladie, tombe ainsi que le geai[5] criard, le vent rapide ; meurs, ainsi que l’alligator[6].

14. Réunissez-vous ; prêtez-vous un appui mutuel. Toutes, d’un commun accord, écoutez ma voix.

15. Qu’elles aient des fruits ou qu’elles n’en aient point, qu’elles soient couvertes de fleurs ou qu’elles en soient privées, toutes, enfants de Vrihaspati, qu’elles nous délivrent du mal.

16. Qu’elles me délivrent du (mal) que produit une imprécation, des (liens) de Varouna, des chaînes d’Yama, des fléaux que nous envoient les Dieux.

17. J’ai chanté les Plantes qui descendent du ciel autour de nous. Que Pouroucha respecte notre vie.

18. Ô Somalatâ[7], tu es la reine de toutes ces Plantes abondantes et sages. Tu es la première parmi elles ; tu satisfais au désir, et tu charmes le cœur.

19. Ô Plantes, qui avez pour reine la Somalatâ, enfants de Vrihaspati, qui vous dressez sur la terre, donnez la force au malade.

20. Ne vous irritez point contre moi qui vous arrache, contre le malade pour lequel je vous cueille. Que chez nous bipèdes et quadrupèdes soient bien portants.

21. Ô Plantes, qui entendez ma voix, et vous, qui êtes éloignées, unissez-vous toutes pour donner la force au malade.

22. Les Plantes disent à Somalatâ leur reine : « Ô reine, nous savons celui que nous recommande le prêtre. »

23. « Ô Somalatâ, tu es la première parmi nous. Les Arbres sont tes sujets. Qu’il devienne notre sujet, celui qui nous attaque. »


HYMNE IV.
À Vrihaspati[8], par Dévapi, fils de Richtichana.
(Mètre : Anouchtoubh.)

1. (Dévâpi parle.) Ô Vrihaspati, viens en mon nom honorer les Dieux. Ô qui que tu sois, Mitra, Varouna ou Poûchan, arrive avec les Marouts, les Adityas ou les Vasous, et fais que Pardjanya envoie son onde à Santanou.

2. (Santanou parle.) Ô Dévâpi[9], qu’un dieu, sage et rapide messager, soit par toi amené vers moi. (Ô Vrihaspati), accours vers nous. Notre bouche t’adresse une prière brillante.

3. (Dévâpi parle.) Ô Vrihaspati, accueille cette prière brillante que notre bouche t’adresse ; (prière) forte, irréprochable, que doit accompagner une douce rosée, et par laquelle je fais descendre du ciel la pluie sur Santanou.

4. (Santanou parle.) Ô Indra, que cette douce rosée nous pénètre ; amène-nous un char rempli de mille présents. Viens au moment marqué

  1. Aswattha (ficus religiosa).
  2. Le texte porte Parna, qui est un nom du Palâsa (Butea frondosa). Ces deux arbres servent dans les sacrifices.
  3. Ce mot signifie ornement.
  4. Ce nom doit être celui d’un Asoura, une épithète de Vritra, qui enlève la vie.
  5. Tchâcha (Caracias indica).
  6. Nihâcâ, l’alligator du Gange ou iguana.
  7. Sarcostema viminalis, ou Asclepias acida.
  8. Cet hymne, ainsi que l’hymne v de la lecture précédente, me paraît d’une époque bien postérieure à celle qui a produit les autres hymnes du Rig-Véda. Les noms de Dévâpi et de Santanou semblent indiquer un âge voisin de la grande guerre du Mahâbhârata.
  9. C’est à cause de cette apostrophe que j’ai supposé un dialogue entre Dévâpi et Santanou.