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[Lect. VII.]
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RIG-VÉDA. — SECTION HUITIÈME.

veloppées de ténèbres ; l’eau se trouvait sans impulsion. Tout était confondu. L’Être reposait au sein de ce chaos, et ce grand Tout naquit par la force de sa piété[1].

4. Au commencement l’Amour[2] fut en lui, et de son esprit[3] jaillit la première semence. Les sages (de la création), par le travail de l’intelligence, parvinrent à former l’union de l’être réel et de l’être apparent[4].

5. Le rayon de ces (sages) partit en s’étendant en haut comme en bas. Ils étaient grands, (ces sages) ; ils étaient pleins d’une semence féconde, (tels qu’un feu dont la flamme) s’élève au-dessus du foyer qui l’alimente.

6. Qui connaît ces choses ? Qui peut les dire ? D’où viennent les êtres ? Quelle est cette création ? Les Dieux ont été aussi produits par lui. Mais lui, qui sait comment il existe ?

7. Celui qui est le premier auteur de cette création, la soutient. Et quel autre que lui pourrait le faire ? Celui qui du haut du ciel a les yeux sur tout ce monde, le connaît seul. Quel autre aurait cette science ?


HYMNE XI.
La Création[5]. — Richi : Yadjna, fils de Pradjapati.
(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. La toile du Sacrifice[6] s’étend, formée de cent et un fils fournis par les Dévas. Les Pères (des saintes cérémonies) viennent s’asseoir pour tisser cette toile, la monter et la démonter.

2. (Pouroucha, le grand) Mâle[7], développe, découpe, étend cette (toile) dans le ciel. Près de lui sont placés les (Richis) lumineux ; les Chants entrelacent les fils.

3. Quelles furent l’ordonnance et la disposition de ce (sacrifice) ? Quels en furent les ministres, les offrandes ? Comment était faite l’enceinte (sacrée) ? Quel mètre fut employé ? Quel fut le chant préparatoire, et l’hymne que tous les Dieux adressèrent au (grand) Dieu ?

4. Agni vint avec la Gâyatrî ; Savitri avec l’Ouchnih. Soma, aux chants magnifiques, se présenta avec l’Anouchtoubh. Vrihaspati prit la voix de la Vrihatî.

5. La Virât accompagna Mitra et Varouna. La Trichtoubh, qui (célèbre la libation) de midi, (suivit) Indra. Les Viswadévas employèrent la Djagatî. C’est ainsi que prièrent les Richis, enfants de Manou.

6. Oui, c’est ainsi que prièrent les Richis, enfants de Manou et nos pères, à la naissance de l’antique Sacrifice. Avec l’œil de l’esprit je contemple ceux qui les premiers célébrèrent ce Sacrifice.

7. Environnés des hymnes, des mètres, des ordonnances (sacrées), les sept Richis divins ont, tels que d’(habiles) conducteurs de chars, suivi avec fermeté les rayons qui éclairent les voies antiques.


HYMNE XII.
À Indra et aux Aswins, par Soukirti, fils de Cakchivan.
(Mètres : Trichtoubh et Anouchtoubh.)

1. Ô puissant Indra, repousse tous nos ennemis du côté de l’orient et de l’occident. (Repousse-les), noble héros, du côté du midi et du septentrion. Sous ta large protection, que nous connaissions le bonheur.

2. De même que les laboureurs placent successivement l’orge qu’ils ont battue, donne aussi tes biens à ceux qui t’honorent en venant s’asseoir sur le gazon (sacré).

3. Notre char ne part plus dans la saison ; l’abondance ne règne pas dans nos marchés. Et cependant les sages, qui demandent à Indra des vaches et des chevaux, cultivent par leurs offrandes l’amitié de ce (dieu) généreux.

4. Ô Aswins, maîtres de la splendeur, vous avez soif de nos libations, et vous secondez Indra dans ses attaques contre l’Asoura Namoutchi.

5. Comme un père (soutient) son fils, les deux Aswins, ô Indra, t’ont protégé par leurs admirables secours. Ô Maghavan, quand tu as bu la libation, Saraswatî te donne sa puissance.

6. Qu’Indra, possesseur de tous les biens, (dieu) sauveur et opulent, nous protége dans sa bonté. Qu’il nous rassure, et détruise nos ennemis. Puissions-nous être les maîtres d’une forte famille !

7. Puissions-nous ressentir les effets de la

  1. Idée exprimée par le mot tapas.
  2. Câma.
  3. Manas.
  4. Autrement, de l’asat et du sat.
  5. Le sacrifice journalier est le symbole du grand sacrifice de la création.
  6. Appelé Yadjna. Voy. page 570, col. 1, note 2.
  7. Asoura.