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[Lect. IV.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

beurre, (divinité) généreuse, écoute aussi ces prières que t’adressent les fils de Canwa pour obtenir ta protection.

6. Agni, toi, l’ami des hommes, toi qui reçois l’hommage de tant d’offrandes variées, et que couronne une chevelure brillante, voilà un peuple qui t’invoque, et te prie d’être le porteur de ses holocaustes.

7. Les sages, ô Agni, le placent dans leurs cérémonies, toi, prêtre, sacrificateur, toi, opulent et glorieux, disposé à nous prêter l’oreille.

8. Les prêtres, tenant les libations toutes prêtes, t’appellent au banquet (sacré), toi qu’enveloppe un si grand éclat, et te présentent, ô Agni, l’holocauste au nom d’un serviteur mortel.

9. Ô toi que la force a produit, libéral et protecteur, que les dieux soient dès le matin invités à nos libations, et fais en ce jour asseoir ici, sur notre cousa, la famille divine !

10. Honore, ô Agni, cette famille divine ! qu’elle vienne ; et que tous les dieux soient confondus dans une même invocation. (Divinités) généreuses, ces libations (sont pour vous) ; prenez ce soma préparé d’hier.


HYMNE XIV.

Aux Aswins, par Prascanwa.

(Mètre : Gâyatrî.)

1. L’Aurore vient, nouvelle et chérie, briller au ciel ; ô Aswins, je vous chante avec empressement !

2. Enfants de la libation[1], dieux secourables, trésor d’abondance, vous accordez à la prière aide et protection.

3. Les hymnes s’élèvent vers vous au moment où votre char, emporté par vos (coursiers) ailés, se montre au monde abattu.

4. (Dieux) forts, un mortel, maître de l’œuvre (pieuse), dépense (pour vous) ses libations et ses mets, et il vous présente son holocauste.

5. (Dieux) véridiques, digne objet de nos louanges, buvez avec force de ce soma, (breuvage) qui sera l’aiguillon de votre amour pour nous.

6. Ô Aswins, percez les ténèbres qui nous entourent, et donnez-nous cette nourriture lumineuse qui rassasie nos (yeux) !

7. Pour venir jusqu’à nous jouir de nos hymnes, ô Aswins, montez sur votre vaisseau[2], ou bien attelez votre char !

8. Que votre vaisseau, large comme le ciel, que votre char s’arrête près de(nos) ondes (sacrées). Avec la prière vont se verser pour vous les libations.

9. Fils de Canwa, les libations, trésor du (dieu) resplendissant, sont disposées dans leur bassin. (Ô Aswins), où est votre forme[3] ?

10. Cependant le soma se colore, le soleil commence à se dorer. Je le vois à la langue d’Agni qui noircit.

11. Par la vertu du sacrifice le chemin est ouvert. (Le soleil) peut passer les rivages (de la nuit). Le voilà qui s’avance dans le ciel.

12. C’est ainsi que le poëte chante les Aswins, qui daignent se plaire à nos libations ; que leur secours soit le prix de nos chants !

13. Venez près (du père de famille) qui vous honore, comme (autrefois) près de Manou ; jouissez des libations et des hymnes (qu’il vous consacre, divinités) heureuses.

14. À peine commencez-vous votre brillante révolution, que l’Aurore vous suit. Chaque nuit, agréez aussi nos sacrifices.

15. Aswins, buvez tous deux ; tous deux soyez nos bienfaiteurs, et accordez-nous votre illustre protection.





LECTURE QUATRIÈME

HYMNE I.

Aux Aswins, par Prascanwa.

(Mètre : Vrihatî.)

1. (Dieux) que grandissent nos sacrifices, les plus douces des libations sont disposées pour vous. Aswins, prenez ces breuvages préparés d’hier, et accordez à votre serviteur les biens (qu’il désire) !

2. Aswins, arrivez sur votre char magnifique, (ce char) qui parcourt les trois mondes, et que décorent trois sièges ! Les fils de Canwa vous adressent cette prière dans le sacrifice ; daignez écouter leur invocation.

3. Aswins, que grandissent nos sacrifices, buvez de nos douces libations ! (Déités) secoura-

  1. Le texte porte Sindhoumâtarâ : ce mot peut aussi signifier enfants de la mer ; le ciel, représenté par les Aswins, semble sortir de la mer, et le poëte peut la donner comme la mère de ces deux divinités.
  2. Les Aswins, naissant à l’horizon, sont censés devoir traverser une mer de vapeurs. Il est naturel que le poëte leur donne un vaisseau ; nous verrons même plus loin que ce vaisseau a cent rames.
  3. Le soleil n’est pas encore levé, et le ciel est à peine visible. Cependant les libations sont toutes préparées.