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[Lect. V.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

enfant de Manou[1], et sage au milieu des sages, offrir des sacrifices aux dieux. De même aujourd’hui, ô pontife plein de vérité, ô Agni, épuise en leur honneur la coupe sacrée !


HYMNE XVI.

À Agni, par Gotama.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Quel sacrifice pouvons-nous faire à Agni ? Quel chant peut être agréable à ce dieu brillant, qui, juste, immortel (placé) parmi les mortels, sacrificateur et prêtre suprême, vient ici pour honorer les dieux ?

2. Appelez en ces lieux, par vos invocations, celui qui, dans les sacrifices, est un pontife heureux et juste. Quand Agni daigne venir en faveur d’un mortel, alors qu’il avertisse les dieux, et qu’il accomplisse avec bonté le sacrifice.

3. (Agni) est un ami véritable, puissant et redoutable ; il sait opérer des merveilles. Le peuple qui accourt pour honorer les dieux l’invoque le premier dans les sacrifices, et le proclame (le dieu) admirable.

4. Le plus grand parmi les chefs du sacrifice, Agni est aussi le fléau de nos ennemis. Qu’il vienne recevoir, pour prix de sa protection, nos chants et nos offrandes. Voilà que des hommes, riches et puissants, ont disposé les mets sacrés, et demandent que tes louanges soient célébrées.

5. Le juste et opulent Agni a été chanté par les sages enfants de Gotama[2]. Qu’il leur donne à son tour et la force et l’abondance. (Voyez-vous) sa forme qui s’embellit ? C’est qu’il se plaît à nos hommages.


HYMNE XVII.

À Agni, par Gotama.

(Mètre : Gâyatrî.)

1. Ô (dieu) riche et prévoyant, nous, enfants de Gotama, par nos chants et nos pures libations nous t’honorons.

2. Gotama, avide de tes dons, te célèbre par ses hymnes ; par nos pures libations nous t’honorons.

3. Comme (autrefois) les Angiras, nous t’invoquons, toi surtout qui donnes la richesse ; par de pures libations nous t’honorons.

4. Toi qui contribues surtout à la mort de Vritra, toi qui mets en fuite les Dasyous, par de pures libations nous t’honorons.

5. Nous, enfants de Rahoûgana[3] nous avons en l’honneur d’Agni chanté un hymne aussi agréable que le miel ; par de pures libations nous t’honorons.


HYMNE XVIII.

À Agni,[4] par Gotama.

(Mètres : Trichtoubh, Ouchnib et Gâyatrî.)

1. Dans l’espace des airs, Ahi[5] vole avec rapidité ; il déploie sa chevelure dorée, et agite (le nuage) avec la violence du vent. Alors se trouvent voilées les Aurores fécondes, entourées d’un pur éclat, et pareilles à de laborieuses ménagères.

2. Les feux ailés (d’Agni) viennent heurter la nue, qui, noire et chargée de pluie, a résonné. Ils se mêlent à ces ondes, qui, en s’ouvrant, semblent heureusement sourire. Elles tombent, et cependant le tonnerre gronde au ciel.

3. Quand (le prêtre) fortifiant (Agni) avec le lait des libations, l’a ensuite, par les voies les plus droites du sacrifice, conduit (au ciel)[6], Aryaman, Mitra, Varouna qui parcourt (le monde), touchent la surface du (nuage) placé au-dessous d’eux, et lui percent le sein.

4. Ô Agni, fils de la Force, tu es le maître de ces aliments que nous donne la vache. Toi qui connais tous les biens, accorde-nous l’abondance.

5. Agni, tu es resplendissant et sage ; tu es notre refuge. Tu mérites d’être célébré par nos hymnes. Toi qui es la source du bonheur, brille pour nous de tes plus beaux rayons.

6. Ô Agni, que ta flamme se pare de tout son éclat le soir, le jour et le matin ! (Dieu) à la langue effilée, consume les Rakchasas.

7. Ô Agni, pour prix de nos hymnes accorde-nous ta protection, toi qui mérites d’être loué dans toutes nos prières !

8. Ô Agni, donne-nous une fortune solide et

  1. Le poëte fait allusion à la légende d’Angiras.
  2. Voy. page 79, col. 1, note 1.
  3. Je pense que ce mot Rahoûgana est le même que Raghougana. Raghougana est présenté par le commentateur comme le père de Gotama, auteur de cet hymne ; ce Gotama était le pourohita des rois Gourou et Srindjaya.
  4. Cet hymne, en partie, célèbre Agni, surnommé Vêdyouta, c’est-à-dire cette forme du dieu répandue dans l’air, allumant la foudre et l’éclair, et pénétrant dans toute la nature et dans nos corps même, pour y porter la chaleur vitale. C’est peut-être le même que Twachtri, le dieu qui modèle les formes et les anime.
  5. Ahi est la personnification du nuage, et surtout du nuage orageux.
  6. Il faut savoir que les prêtres, après avoir établi Agni dans son foyer terrestre, travaillent ensuite à le transporter dans le soleil, qui va briller à l’horizon.