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fables

Il faut savoir qu’un loup ne mord
 Que si la faim le presse.
Partant de cette vérité
 On verra, je l’espère,
Que le loup qui fait bonne chère
Doit avoir de l’humanité.

Donc ce brigand de quadrupède
Qu’on nomme mangeur de moutons
Courait, hurlant sur tous les tons
 Et cherchant un remède
Qui put à son mal mettre fin.
Ce mal, passager d’ordinaire,
N’était pas, certes ! imaginaire,
 C’était la faim.

Pour calmer un peu ses supplices,
 Ce loup efflanqué
 N’aurait pas manqué
De déchirer avec délices
 Le plus chétif agneau,
 N’eut-il eu que la peau.
Mais le chien faisait bonne garde
Aux étables et dans les clos.