Cette page a été validée par deux contributeurs.
165
livre troisième
Jalouse de voir le bon grain
S’emparer du meilleur terrain,
Quand au bord de la haie
On la reléguait sans merci ;
L’ivraie alors voulut aussi
Dans le sillon fertile
Avoir place comme le blé.
Sa parole est subtile :
Elle prit un air accablé,
Un regard fort modeste,
Et dit aux épis ses voisins,
Avec un noble geste :
— Vous me traitez bien mal, cousins,
Et vous m’en voyez désolée :
Je ne veux plus vivre isolée.
À partir d’aujourd’hui,
Pour chasser mon ennui,
Nous filerons la vie ensemble,
Qu’en dites-vous ?
— Vraiment, ma petite, il nous semble
Que pour nous tous
L’existence serait plus gaie
Si nous nous voyions un peu plus,
Dirent quelques épis émus.