Page:LeMay - Fables canadiennes, 1882.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
198
fables

Tout à coup, dans le fond de l’herbe,
Tous deux virent un fruit superbe,
Une pêche pourpre et velours.
Jetant là des livres trop lourds,
 Chacun d’eux se dépêche
 De courir vers la pêche ;
Mais, dans ce grand empressement,
L’un tombe avant d’être assez proche,
Et l’autre écrase dans sa poche
Le fruit qu’il serre étourdiment.
Alors la querelle commence,
Et l’un dit avec véhémence
À l’autre, décontenancé :

— Oui, te voilà bien avancé !
Or, si tu m’avais laissé faire,
Je l’aurais partagée en frère.

Et l’autre, sur le même ton :

— Moi je ne suis pas si glouton ;
 Écoute,
Je voulais te la donner toute.

Comme ils mentaient tous deux alors
En parlant ainsi de partage,