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livre cinquième

 
 Lorsque l’on est petit, ma foi !
 On attire les yeux sur soi
 En faisant beaucoup de tapage.

 Il arriva, sans le savoir,
 Avec toute sa véhémence
 Sur les rives du fleuve immense.
 Le fleuve passait sans le voir.

 — Où portes-tu, fleuve, ton onde ?
 Demanda-t-il d’un ton amer.

 — Moi ? je vais au sein de la mer,
 Répondit de sa voix profonde
 Le fleuve qui marchait toujours.

 — Arrête ici ton cours ;
La mer n’a pas besoin de ton onde limpide ;
 Épanche dans mon lit aride
 Tes flots qui vont là-bas mourir ;
C’est moi petit ruisseau que tu dois secourir.

— Tais-toi pauvre insensé ; si je changeais ma course
 Pour obéir à tes propos,