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livre premier

 
Cette réflexion, malgré l’invraisemblance,
Deux arbres la faisaient, au temps de leur enfance,
 Dans leur langage original.
C’était pendant l’hiver et, la température
S’élevant tout à coup comme au mois de juillet,
Plus d’un ruisseau reprit avec désinvolture,
 Son cours dans les champs de millet ;
 Et l’orage
 Avec rage
 Fouetta les rameaux gris
 De nos arbres surpris.

Le plus petit des deux, s’emportant, fit un geste
 Pour secouer les gouttes d’eau,
Et dit à son voisin :

 — Pour moi, j’en ai de reste
 De cet humide cadeau ;
 Quand je serai sous mon feuillage
 Le firmament pourra pleuvoir.
 Je voudrais bien savoir —
 Ce n’est point de l’enfantillage —
 Pourquoi cette pluie en hiver.

Et l’autre répondit :