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fables

 Il vaut mieux avec patience
 Endurer son mal.
 C’est ce que l’animal
 Faisait en conscience ;
 Mais il n’en pensait pas moins.

 Cependant la voiture
 Conduite par ses soins
 Parvint, sans fâcheuse aventure,
 Au sommet d’un vaste coteau.
 La descente en était rapide :
 Un roc abrupt, un trou perfide
Resserraient le chemin comme eut fait un étau.
 Alors le véhicule
 Commença de parler.
Cela vous semble étrange, et même ridicule ;
N’importe ; pour si peu n’allez pas quereller.

 — Laisse flotter tes rênes,
 Dit-il au cheval fort surpris ;
 Depuis bien longtemps tu me traînes ;
 Ton cœur est bon, je l’ai compris.
 À mon tour, sans qu’on le devine,
 Sur la pente de la ravine
 Je vais te pousser doucement,