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Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/115

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LE NOM DANS LE BRONZE

— Je voudrais bien pouvoir décider aussi vite, lorsqu’il s’agit de mon bonheur…

— Le bonheur n’existe pas, objecte Philippe.

— Il existe, je veux qu’il existe, moi, ne me dites pas le contraire…

— Il faut s’entendre. J’y crois comme à une chose passagère, non comme à une chose permanente.

— Moi, je suis sûre qu’un jour je l’emprisonnerai le bonheur. J’aurai ce que je désire ; ensuite, je serai contente, tout le temps, malgré les inévitables soucis, les misères transitoires.

— Et voilà à quoi rêvent les jeunes filles, déclare Philippe.

Elle a le feu, la conviction de la jeunesse. Le jeune homme subit l’émotion de ce visage volontaire et expressif, de la lueur qui flambe dans les yeux. Il songe. Elle sera l’une de ces rares femmes qui gardent leur optimisme dans n’importe quelle existence ; qui, si les contrariétés les atteignent, voient le bon côté des souffrances ; qui ne cherchent pas midi à quatorze heures et savent se résigner sans jamais être abattues…

— En ce bas monde, il faut se contenter de la