Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
132
LE NOM DANS LE BRONZE

conte les ennuis de l’absence ; le temps lui a paru si long qu’il ne veut plus jamais s’exposer à un pareil sort. Elle ne partira plus sans lui…

Marguerite voit venir l’inévitable, comme on voit dans un cauchemar, venir sur soi une locomotive géante, noire, menaçante. Tout se ligue contre elle. Parce qu’elle ne doute plus des soucis qu’elle cause à sa mère, submergée d’incertitude, de remords et d’angoisse, elle craint les paroles prochaines de son ami.

Un silence s’établit.

Steven poursuit en lui-même son inéluctable résolution. Il aime Marguerite, il l’épousera. Pourquoi a-t-il hésité jusqu’ici ? Pourra-t-il jamais trouver une jeune fille douée de si nombreuses qualités ?

Sa raison, son sens pratique, sa sensibilité s’unissent pour juger. Aucune ne la surpasse pour la grâce, la beauté. Que de fois son appréciation d’une œuvre littéraire lui a paru plus complète, plus juste que la sienne propre. Et elle est si fraîche de cœur et de visage, si honnête, si digne, sans jamais cesser d’être amusante. Personne ne pourra le blâmer de son choix. Seule, la question de nationalité est malheureuse ; et encore,