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LE NOM DANS LE BRONZE

— Je ne devinerai rien ce soir. Je me suis levée tôt, je suis lasse…

— Oui, je suis égoïste. Il n’y a pour moi que la joie de vous revoir. J’oublie votre fatigue du voyage. Je pars, mais demain il faut que je vous voie longtemps.

— Je passe l’après-midi au tennis, avec Jacqueline : elle m’a demandée pour le thé ensuite, chez elle.

— J’attendrai. Mais je vous préviens, je serai très exigeant, plus tard.

Puisqu’il le faut, il la quitte. Parce qu’elle paraît encore lointaine, il se sent plus attirée, plus épris. Il pose sur elle ce regard appuyé qui la pénétrait de bonheur quand elle l’évoquait, cet après-midi même. Seulement, le bonheur a disparu.

Elle n’est plus heureuse d’aimer. Ce qu’elle a tant espéré autrefois, l’aveu de l’amour, elle recule maintenant devant lui, elle en a peur, elle le redoute.

Avant de s’endormir, elle se remémore tous les propos entendus à Québec, dans la famille des Dupré, quand parlait la froide raison. Si nous voulions garder notre identité comme peuple, il fallait craindre toutes