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LE NOM DANS LE BRONZE

consent, leur amour aura donc comme les autres son apogée ?

Non, il vaut mieux ne pas y songer. Sa nature vigoureuse reprend le dessus. Toujours resterait entre eux le vieil et antique conflit religieux auquel les siècles ont donné une consistance et une force inimaginables. Chez ; lui, elle a peur du mépris pour sa foi, qu’il ne croit que superstition ; ne l’imaginera-t-il pas victime d’un clergé habile, égarée et séduite par les pompes d’un culte fastueux ? Elle, de son côté, ne peut comprendre sa religion à lui, cette fragmentation des croyances protestantes, cette froideur qui lui paraît glaciale, cette liberté donnée à l’interprétation dans un sujet si grave, — aux fous, comme aux sages, aux savants comme aux ignorants. Oui, cette différence de leur foi pullule de dangers pour plus tard. De ce marécage sortiraient pour les empoisonner des nuages de miasmes que rien ne dissiperait.

Mais elle n’a pas prémédité leur séparation, elle ne comprend pas encore par quel miracle elle a su parler ainsi. Tout à coup, elle se représente les pieuses pensées de sa mère, à distance l’influençant, sa pauvre