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LE NOM DANS LE BRONZE

sions pour rencontrer Marguerite. À son anniversaire de naissance, il lui avait offert plus que le banal cadeau d’usage, et souvent, il lui envoyait des fleurs, des livres, des bonbons.

Madame Couillard s’était alors vraiment alarmée, et quand, le dimanche après les Rois, le vieux curé avait expliqué au prône, comme chaque année, le décret sur le mariage chrétien, sa conscience s’était affolée. Elle avait rougi, s’imaginant qu’il appuyait, à son intention, sur les commentaires contre le mariage mixte, que, pour elle, il précisait ses arguments avec plus de sévérité. Ensuite, elle n’avait plus connu de repos.

C’était au temps où, tous les jours, les jeunes gens allaient patiner sur le fleuve. Deux longues semaines, le ciel était resté bleu, le froid sec, et les bordages s’étaient maintenus glissants et lisses. À la fin, comme Marguerite n’allait toujours patiner qu’avec le jeune Anglais, Madame Couillard était intervenue, l’avait mise sur ses gardes :

— Ne vois donc pas Steven si souvent, Marguerite. J’ai peur pour toi.

— Peur de quoi, maman ?