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LE NOM DANS LE BRONZE

Philippe s’était le premier réconcilié avec le voyage forcé.

Quand vous longez Berthier jusqu’au chenal du Saint-Laurent, la petite ville se présente sous son aspect le plus caractéristique. Les maisons de la rive, solides, anciennes, ombragées par une allée de vieux ormes, se reflètent dans le bras du fleuve d’abord étroit et paisible. Elles sont belles et fières, avec cette admirable simplicité de ligne, qui distinguait chez nous l’architecture des débuts de la colonie et qui aurait dû rester pour les Canadiens, en même temps qu’un motif de fierté, un modèle à imiter, une tradition à suivre.

Philippe exprima cette opinion. Il était de cette génération nouvelle, pour qui le patriotisme est une vertu d’urgence, et l’apathie en cette matière, un crime. Soucieux de la valeur des siens, il recherchait dans l’histoire les trésors de passé, et dans les paysages, les vestiges du régime français ou de l’époque qui s’en rapprochait le plus. La destinée du petit peuple que nous sommes le préoccupait grandement. Il avait confiance qu’avec de bons professeurs d’énergie, — il avait lu Barrès et appliquait ses doctrines, — avec de la vigi-