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Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/71

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LE NOM DANS LE BRONZE

conversation se déroule facile et agréable. Tous les trois semblent avoir tout un arriéré de choses à se dire.

Tout de suite, Marguerite se découvre beaucoup d’amitié pour Louise. Elles ont lu les mêmes romans, elles sont au même tournant de leur vie ; un peu téméraires dans leurs jugements, croyant de bonne foi que leurs opinions valent autant que l’expérience des autres. Philippe les écoute, vaguement paternel. Quand Marguerite surprend l’expression complexe de son regard fixé sur elle, elle écarquille curieusement ses yeux gris. À cette muette interrogation Philippe répond une fois :

— Vous préférez que je ne vous regarde pas ? Je vous intimide ?

— Non, mais vous vous amusez à nos dépens si je ne me trompe ?

— Dieu m’en garde ! Je viens de vous revoir nettement, telle que vous étiez il y a huit ans, la dernière fois que je suis venu…

— Il y a huit ans, j’avais treize ans alors. Est-ce que je disais autre chose que des sottises ?