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LE NOM DANS LE BRONZE

le chemin muse, fait des détours, se courbe ou s’allonge droit devant vous sous la voûte que forme une double rangée d’arbres. Les villages de la rive sont tous anciens. Leur atmosphère est la même, ils sont tous dominés par leur église et leur grand couvent de pierre. Ils sourient paisibles, simples comme les êtres qu’ils renferment. Leur ressemblance vient de cette similitude de la race qui les a produits, de la pensée qui les a animés, de l’ordre qui les a groupés autour du clocher.

La voiture file. Le ciel s’étend d’un bleu profond accentué par le blanc des nuages neigeux que pousse un vent d’ouest léger. Les uns après les autres, ils redisent :

— Que nous sommes heureux d’avoir un temps pareil !

De véritables tableaux se succèdent sans trêve : une passerelle reflétée dans l’eau d’un ruisseau, la courbe d’une montagne couleur d’acier dans le lointain, un arbre splendide isolé orgueilleusement dans une prairie, une vieille maison que le bonheur semble habiter. Sur le talus vert des petites rues modestes, des enfants s’immobilisent pour regarder passer l’auto.