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LE NOM DANS LE BRONZE

à Donnacona, chaque tournant du chemin réserve une surprise. Dans les bois, les érables, les bouleaux, les sapins opposent leurs couleurs, et les falaises escarpées ajoutent leurs teintes diverses aux nuances infinies du tableau. Dans des bouquets de saules, de belles maisons canadiennes, à toit pointu percé de lucarnes, portent avec orgueil sur leur mur de moellon des champs, la date de leur naissance : 1775, 1820 : elles sont les aïeules de ce jeune pays. Flanquées de lourdes cheminées crépies, solides et humbles à la fois, elles témoignent la survivance française de la fidèle province de Québec. Leur modèle à peine différent se retrouve en Normandie, en Bretagne.

Philippe exalte maintenant son pays ; il abandonne imprudemment le volant pour gesticuler. Il cherche à orienter l’admiration des autres, à leur communiquer ses sentiments patriotiques. Marguerite, que ces idées surprennent, se demande comment un jeune homme peut être à ce point passionné pour sa race. Jamais ce sujet ne l’a préoccupée. Si, au cours d’une fête quelconque, elle entendait notre Hymne national, ou les mélancoliques paroles de « Ô Carillon, » l’émo-