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LE NOM DANS LE BRONZE

ses falaises rocheuses. Sur les bords abrupts, fleurissent des villages et Philippe fait compter à sa compagne les clochers d’argent, éparpillés parmi les arbres des deux rives.

Ils longent le mur de la citadelle, mais, pour mieux voir, souvent ils s’arrêtent et s’appuient quelques instants au parapet. La falaise plonge à cinq cents pieds et, au bas, le fleuve s’enroule autour du promontoire. C’est le paysage déjà vu de la terrasse, mais, de ce sommet, il s’élargit encore.

Nul Canadien français ne vient contempler le fleuve à cet endroit, sans songer à la guerre fatale et triste de la conquête, qui rasa la fortune et les espoirs des nôtres, qui nous jeta dénués, à la merci de l’étranger. La lumière de la Patrie d’origine éteinte, il a fallu lutter ensuite sans aide pour garder notre foi, notre langue.

Philippe désigne à Marguerite la pointe de Lévis :

— C’est de là que les Anglais bombardèrent la ville en 1759, avant la bataille finale…

De là. Le siège dura deux mois. Deux mois durant, une flotte de vingt vaisseaux, de dix frégates et