Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/134

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Voir ta porte et ton ombre un moment sur le mur.
Mais bientôt, au retour de ma route prospère,
Je reviendrai m’asseoir au foyer de ton père,
Je boirai dans sa coupe, afin que le vieillard,
Ainsi qu’il l’a promis, me laisse sans retard
T’emmener sur ma nef de myrtes couronnée,
Vers mon toit où luiront les torches d’hyménée.
O coupes, ô chansons, ô fleurs ! Vienne ce jour !
Car j’ai connu par toi l’inévitable amour
Et je sais qu’une main de vierge est prompte et sûre
A faire au cœur d’un homme une douce blessure.
J’aime. On dit que l’amour est un mal : je le sais
Et j’aime. Le tourment m’est cher que tu me fais.
Celle qui peut blesser saura guérir, ô femme !
Et tu me seras douce et semblable au dictame.
Aimer ne trouble pas à jamais la raison ;
Quand tu seras entrée épouse en ma maison,
Nous connaîtrons la paix, le foyer, l’abondance,
L’amitié, les enfants, la tardive prudence,
Et nous vivrons pareils à deux arbres jumeaux
Qui versent l’ombre fraîche en mêlant leurs rameaux.
Mais mon père le veut : je poursuis mon voyage.
Le fils obéissant vit heureux un long âge.
Invoque en ma faveur Hespéros, astre clair.

DAPHNÉ.

J’invoquerai Jésus qui marchait sur la mer.

HIPPIAS.

Ma Daphné, gardons-nous des paroles légères ;