pagnon M. Berthier, auquel nous devons les belles photographies du phénomène grandiose reproduites ici par la gravure.
Arrivé au pied des anciens cratères appelés Due
Monti, je vis enfin les monticules tonnants qui s’étaient
graduellement élevés à près de cent mètres de hauteur
au-dessus de la crevasse du volcan. J’ai déjà décrit ailleurs
l’ensemble des phénomènes tels qu’ils se présentèrent
à moi : « Le cône d’éruption le plus élevé ne lance
plus ni scories ni cendres ; la cheminée du cratère est
comblée de débris, et l’activité intérieure ne se révèle
plus que par les vapeurs sulfureuses ou chargées d’acide
chlorhydrique qui s’élèvent en fumée des talus du monticule.
Le deuxième cône, situé sur une partie plus basse
de la crevasse, est encore en communication directe avec
le foyer des laves ; mais il ne tonne pas constamment,
Arbres engloutis momentanément dans la lave. — Dessin de Camille Saglio d’après une photographe de M. Paul Berthier.
et se repose après chaque effort comme pour reprendre
haleine. Un fracas semblable à celui de la foudre annonce
l’explosion ; des nuages de vapeur aux énormes
replis tout gris de cendres et rayés de pierres décrivant
leur parabole, s’élancent hors de la bouche du volcan,
noircissent un instant l’atmosphère, laissent tomber
leurs projectiles dans un rayon de plusieurs centaines
de mètres autour du monticule, puis déchargés de leur
fardeau de débris, s’inclinent sous la pression du vent
qui passe et vont au loin se confondre avec les nuées de
l’horizon. Quant aux cônes inférieurs qui se dressent
immédiatement au-dessus de la source de laves, ils ne
cessent de mugir et de lancer des matières fondues en
dehors de leurs gouffres. Les vapeurs qui jaillissent du
puits bouillonnant se pressent et se tordent à l’orifice
des cratères ; les unes sont rouges ou jaunâtres à cause
du reflet des matières incandescentes, les autres sont
diversement nuancées par les traînées de débris projetés,