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Page:Le Tour du monde - 14.djvu/340

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la mémoire des états par lesquels il vient de passer, et il a encore une conscience confuse de lui-même, malgré le détachement à peu près absolu auquel il est arrivé.

Un Sennin, saint du bouddhisme.

Enfin, au quatrième degré, l’ascète ne possède plus ce sentiment de bien-être physique, tout obscur qu’il est ; il a également perdu toute mémoire ; bien plus, il a même perdu le sentiment de son indifférence, et désormais, libre de tout plaisir et de toute douleur, quel qu’en puisse être l’objet, soit au dehors soit au dedans, il est parvenu à l’impassibilité, aussi voisine du nirwâna qu’elle peut l’être durant cette vie.

Le kirin.

C’est alors qu’il est permis à l’ascète d’aborder le second étage du dhyâna, les quatre régions superposées du monde sans formes.

Il entre d’abord dans la région de l’infinité en espace.

De la il monte un degré nouveau, dans la région de l’infinité en intelligence.

Parvenu à cette hauteur, il atteint une troisième région, celle où il n’existe rien.

Mais comme dans ce vide et ces ténèbres on pourrait supposer qu’il reste du moins encore une idée, qui représente à l’ascète le néant même où il se plonge, il faut un dernier et suprême effort, et l’on entre dans la quatrième région du monde sans formes, où il n’y a plus ni idées, ni même une idée de l’absence d’idées.

Un Sennin, saint du bouddhisme.

Tels sont les mystiques exercices de la contemplation bouddhiste, et Boddhi-Dharma en fut le promoteur au Japon.

Les autres apôtres, ses successeurs, marchèrent sur les traces du Bouddha de la même manière, c’est-à-dire en substituant, chacun dans son genre, les pratiques extérieures à la spontanéité de la piété et à l’activité de l’intelligence.

Le maître avait dit à ses disciples : « Allez, hommes