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Autrefois, les sources thermales étaient au nombre de quinze ; toutes servaient à l’alimentation des établissements de bains ; celle des Dames et du Crucifix, la ferrugineuse et les savonneuses étaient en outre employées, comme elles le sont encore, en boisson ; mais, depuis 1856, le régime des eaux a subi des modifications radicales.

L’affluence croissante des baigneurs exigeait qu’on s’assurât exactement de la richesse des sources, qu’on augmentât leur débit, s’il était possible, et qu’on remontât jusqu’à leur origine, de façon à les enchambrer dans les conditions les plus favorables à leur conservation. De grands travaux ont été exécutés pendant le cours de cinq années, avec une rare persévérance et une parfaite habileté, par M. l’ingénieur Jutier.

Il a fallu creuser et fouiller tantôt à travers des massifs de substructions antiques, tantôt au sein de la roche elle-même, quelquefois en s’avançant, non sans danger, dans le sol sur lequel des maisons se trouvaient assises. Cette recherche de sources, la plupart inconnues, sinon toutes, devait nécessairement en modifier quelques-unes, en faire disparaître quelques autres et en déceler de nouvelles. C’est ce qui arriva ; mais tout avait été si sagement conduit, que le rendement total des sources minérales qui n’était, autrefois, en réalité, que de 346 mètres cubes en vingt-quatre heures, est aujourd’hui de 665 mètres cubes, non compris les sources à faible température.

Les établissements de bains sont au nombre de six : le bain Romain, le bain des Dames, le bain Impérial, le bain Tempéré, le bain des Capucins et le bain Napoléon III ou les Nouveaux thermes.


Le val d’Ajol vu de la Feuillée-Dorothée. — Dessin de H. Clerget d’après nature.

Le bain Romain, situé au milieu de la chaussée de la rue principale de la ville, portait autrefois le nom de bain des Pauvres, de Grand-Bain, de Vieux-Bain. Il est aujourd’hui entièrement neuf ; mais comme il a été formé des restes d’un bain antique qu’on suppose de construction romaine, on lui a donné la dénomination qu’il porte actuellement. C’est une sorte d’étage demi-souterrain, qui ne manque pas d’une certaine élégance ; il est surmonté d’une vitrine en forme de dôme oblong ; on y descend par deux escaliers de sept à huit marches, placés à chacune de ses extrémités orientale et occidentale. Il consiste en cabinets parallèlement rangés des deux côtés d’un beau vestibule dont le pavé, en marbre des Vosges, est à volonté chauffé par un réservoir d’eau chaude, ce qui fait de cet établissement un lieu de réunion et de promenade agréable quand le temps est froid et pluvieux.

Le bain des Dames, situé sur la rive gauche de l’Eaugronne, tire son nom de l’ancienne et célèbre abbaye des Dames nobles de Remiremont, dont il était autrefois la propriété. Mais il paraît qu’au commencement de ce siècle on l’appelait, comme nous l’avons dit, le bain de la Reine. Antérieurement il avait porté le nom de bain de Diane, et l’on voyait encore en 1576, au-dessus de la source, dans la muraille, l’image de la déesse.

Le bain le plus fréquenté de Plombières est celui qu’on nomme Tempéré, à cause de la présence de tuyaux qui permettent d’en régler la température plus facilement que dans les piscines romaines où les eaux se rendaient toujours directement (Jutier). Commencé en 1773 et restauré en 1832, il a porté autrefois le nom de bain Neuf, et aussi, pendant quelque temps, celui de bain Républicain.

Du bain Tempéré, on arrive, en traversant un petit passage voûte, à l’établissement qu’on nomme aujour-