Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/133

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hommes ? … Nous connaissons l’austérité de votre morale. Nous ne trouvons point étrange que vous damniez les poètes : vous en damnez bien d’autres qu’eux. Ce qui nous surprend, c’est de voir que vous voulez empêcher les hommes de les honorer. Hé ! monsieur, contentez-vous de donner des rangs dans l’autre monde : ne réglez pas les récompenses de celui-ci. Vous l’avez quitté il y a longtemps, laissez-le juge des choses qui lui appartiennent. Plaignez-le si vous voulez d’aimer des bagatelles et d’estimer ceux qui les font ; mais ne lui enviez pas de misérables honneurs auxquels vous avez renoncé.

Et presque tout de suite après, sentant bien qu’au point de vue du pur christianisme, c’est Port-Royal qui a raison, il laisse la question doctrinale et, en parfait journaliste, prend brusquement l’offensive :

De quoi vous êtes-vous avisés de mettre en français les comédies de Térence ? Fallait-il interrompre vos saintes occupations pour devenir des traducteurs de comédies ? Encore si vous nous les aviez données avec leurs grâces, le public vous serait obligé de la peine que vous avez prise. Vous direz peut-être que vous en avez retranché quelques libertés : mais vous dites aussi que le soin qu’on prend de couvrir les passions d’un voile d’honnêteté ne sert qu’à les rendre plus dangereuses. Ainsi vous voilà vous-même au rang des empoisonneurs.

C’est plein de malice et de mauvaise foi. Je vous disais bien que c’était du journalisme d’excellente qualité.

Et il continue, raille Port-Royal sur ses inconséquences, ses faiblesses, son esprit de secte et de