Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/268

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plus besoin d’être défendu et dont la gloire, consacrée et un peu sommeillante, ne portait point ombrage aux jeunes auteurs.

Mais Racine avait contre lui presque toute la vieille génération et, dans la nouvelle, tous les auteurs tragiques. Il avait contre lui Pierre et Thomas Corneille, et leur neveu Fontenelle, et le vieux Boyer, et le vieux Leclerc, et Quinault, Boursault et Pradon, et tous les gens qui s’intéressaient à eux, et presque tous les anciens frondeurs et les anciennes frondeuses, et la moitié de l’Académie, et presque toute la « presse théâtrale » de ce temps-là, de l’inepte Robinet à ce pince-sans-rire de Donneau de Visé, et Saint-Évremond, et Subligny, et Barbier d’Aucour, et l’intrigante madame Deshoulières, et le duc de Nevers, cet homme de lettres fieffé, et des gens qui le détestaient sans trop savoir pourquoi… parce qu’il les « agaçait », et cette duchesse de Bouillon, pédante et disputeuse à tel point que La Fontaine lui-même s’en aperçoit :

Les Sophocles du temps et l’illustre Molière Vous donnent lieu toujours d’agiter quelque point ; Sur quoi ne disputez-vous point ?

une gaillarde qui, dans la réalité, eût été fort capable de commettre les crimes d’Hermione, de Roxane et d’Ériphile, mais qui, peut-être à cause de cela même, préférait à la vérité de Racine l’héroïsme et le romanesque de Corneille.

Pour Iphigénie, on s’avisa de faire fabriquer une