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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Mon regard de pleurs se voila ;
Par les sentiers bordés de lierres,
Je vis des ombres familières
S’enfuir, comme j’arrivais là !

Et je m’écriai : — Nous voilà
Bien seuls tous deux, maison fermée !
Et pas un filet de fumée
Du gai foyer ne me parla.

Que n’avais-je pas jeté là
D’amour, d’espérance ingénue ?
Maison muette, maison nue,
Tu sais comme tout s’envola !

Tu n’as pas oublié cela :
L’oubli n’est qu’une chose humaine…
Si quelque hasard me ramène,
Ah ! reste comme te voilà !

Logis où mon cœur s’enivra,
Ne sois pas une auberge neuve !
Laisse-moi croire, ô maison veuve,
Qu’on voyage, — et qu’on reviendra !




LE PRINTEMPS, C’EST TOI

Tu m’as demandé si c’est le Printemps
Qui m’emplit ainsi d’une ardente sève ?
Le Printemps, c’est Toi, soit qu’Avril se lève
Dans la floraison des bois chuchotants,
Ou bien que Décembre emporte ce rêve !