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ARMAND SILVESTRE.


« Les constellations emportent, sous la nue,
L’âme des dieux vaincus, et, sur la mer en pleurs,
Vénus aux ailes d’or, étoile devenue,
Jette un dernier rayon comme aux tombes les fleurs !

« De nos yeux l’Immortelle a détourné sa face ;
Sur son front la lumière à l’horizon s’enfuit,
Et des âges sacrés le grand rêve s’efface ! »
— Ainsi se lamentaient les Heures dans la nuit.



II



Cette nuit-là fut belle entre les nuits bénies
Qui baignent de repos la calme immensité,
Et dont le souffle lent berce des harmonies
Au doux balancement du feuillage argenté.

Cette nuit-là fut belle, et sa clarté profonde,
Imprégnant l’air troublé des feux du firmament,
Fit passer un frisson de réveil sur le monde,
Et surprit l’Univers dans un enchantement.

Cette nuit-là fut belle, et, dans sa chaude haleine,
Apportant les parfums, emportant les ennuis,
Fit tressaillir une âme errante dans la plaine.
Cette nuit-là fut belle entre toutes les nuits !

Son ombre fut plus douce, et plus grand son mystère,
Car, rompant du destin les pactes odieux,
La suprême pitié descendit sur la terre,
Et tu naquis, ô Toi, chère fille des dieux !

(Le Chemin des Étoiles)