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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


C’est alors, quand on est prisonnier des cités,
Qu’on songe aux bois chargés de senteurs amoureuses,
À la calme fraîcheur de leurs sentes ombreuses,
Aux longs soirs pleins de charme et de tranquillités.

On rêve une maison à l’ombre des futaies,
Simple à l’intérieur, mais ayant pour décor
Des champs riches d’épis, des prés émaillés d’or,
Si gaiement encadrés dans la verdeur des haies.

On entend, répondant aux chants des moissonneurs,
Les bêlements lassés d’un troupeau qui sommeille,
À l’heure fraîche où, dans l’atmosphère vermeille,
Le soleil couché met ses dernières rougeurs.

C’est l’heure désirée où la brise tardive
Se lève et vient troubler le calme lourd des eaux,
Et, passant sur la mer, ainsi qu’un vol d’oiseaux,
Se rapproche et fait signe à la barque attentive.

Les pêcheurs, ennemis des soleils trop brûlants,
Dont les feux endormants alourdissent leur voile,
Mettent le cap au large, en se chargeant de toile,
Et traînent leurs filets dans les flots somnolents.

Et l’on entend alors, dans la nuit transparente,
Mille bruits répétés par les échos naissants ;
Le flot calmé roulant sur les varechs glissants,
Les pas des promeneurs sur la grève odorante ;

Les mugissements sourds, venant des profondeurs
Des pacages lointains où le bétail s’allonge
Dans l’herbe, et le clapot d’un goëland qui plonge.
Au large, énervé par les nocturnes tiédeurs ;