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AMÉDÉE ROLLAND.


Les grillons bavards courent dans les mousses,
Mille insectes d’or aux reflets changeants
Répandent dans l’air leurs musiques douces,
La cigale sonne au milieu des champs.

Tout humide encor, le vent qui vous lèche
Arrive, chargé de molles senteurs,
Avec un parfum de luzerne fraîche,
De trèfles fauchés et de foin en fleurs.

Au loin, le soleil fait flamber la paille
Des grands seigles mûrs par le vent troublés ;
La grive est aux ceps ; on entend la caille
Qui chante son chant dans le fond des blés.

Et ce grand concert de voix de la terre
Se trouve parfois percé tout à coup
Par le cri rêveur et plein de mystère
Du coucou qui pleure on ne sait pas où.

Nous allons là-bas, là-bas, sous les aunes,
Près du ruisseau clair, au rire argentin,
Où les merles vont lustrer leurs becs jaunes,
Lorsqu’à l’horizon rougit le matin.