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Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t4, 1888.djvu/280

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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


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— « Ainsi les continents, les villes séculaires,
« Les grands monts hérissés de sapins et d’orgueil,
« L’homme et ses passions, le monde et ses colères
« — Cadavres disloqués et mûrs pour le cercueil,

« Gigantesques amas sans nom, épaves mornes —
« S’engloutiront un jour (tout étant accompli)
« Sous les flots ténébreux d’une autre mer sans bornes
« Et plus profonde encor — qui s’appelle l’Oubli !

« Alors, exécutant la suprême sentence,
« L’ombre, comme un déluge, envahira les deux;
« Et tout bruit s’éteindra, comme toute existence,
« Dans le néant obscur, vaste et silencieux. »


(Rosa Mystica)





ENDYMION




Adorable pasteur, éphèbe aux flancs nerveux !
Phœbé (mélancolique et divine amoureuse),
Baisant dans un rayon ta lèvre savoureuse,
En frissons de lumière épanchait ses aveux.

Toi, tu donnais, ne soupçonnant larmes ni vœux,
Tandis qu’Elle — en la nuit calme et propice — heureuse
D’étreindre un corps chéri de sa langueur fiévreuse,
Égrenait de l’argent dans l’or de tes cheveux.