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LE RENONCEMENT.

46.

Nous n’avons pas dirigé, comme il le fallait, nos méditations vers l’Être suprême, de façon à briser le cercle de la transmigration ; nous n’avons pas accumulé les mérites capables de nous ouvrir les deux battants de la porte du ciel ; nous n’avons pas, même en rêve, serré dans nos bras une femme aux charmes ravissants : nous ne sommes que des haches qui avons abattu l’arbre de la jeunesse de notre mère.

47.

Nous ne nous sommes pas rendus maîtres sur cette terre de la science qui sied aux hommes bien élevés et au moyen de laquelle on impose silence aux contradicteurs ; nous n’avons pas porté notre gloire jusqu’aux nues en enlevant à la pointe de l’épée les bosses que l’éléphant porte sur le front ; nous n’avons pas sucé au lever de la lune le nectar que distille la lèvre charmante d’une bien-aimée : notre jeunesse, hélas ! s’est usée sans fruit, comme une lampe dans une maison vide.

48.

Nous n’avons pas acquis la science pure,