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libertés municipales, le maire chef de la garde nationale et faisant fonction de préfet.

Au conseil municipal, le maire Hénon, un des Cinq sous l’Empire, combattait toute résistance à Versailles. Le maire de la Guillotière, Crestin, demandait qu’au moins on protestât. Hénon menaçait de donner sa démission si l’on passait outre et proposait de se rendre auprès du préfet qui convoquait en ce moment les bataillons réactionnaires. Les délégués du palais Saint-Pierre arrivent sur ces entrefaites. Hénon les reçoit mal. Les députations se succèdent, les refus se suivent. Pendant ce temps, les bataillons des Brotteaux et de la Guillotière se préparent ; à huit heures, une foule épaisse remplit la place des Terreaux, crie : « Vive la Commune ! à bas Versailles ! » Les bataillons réactionnaires ne répondent pas à l’appel du préfet.

Une partie du conseil municipal rentre en séance à neuf heures, pendant que l’autre, avec Hénon, tient tête aux délégués. Sur une réponse du maire qui ne laisse plus d’espoir, les délégués envahissent la salle du conseil. La foule avertie se précipite dans l’hôtel de ville. Les délégués s’installent à la table du conseil, nomment Crestin maire de Lyon. Il refuse, fait observer que la direction du mouvement revient à ceux qui en ont pris l’initiative. Après un long tumulte, on proclame une commission communale en tête de laquelle cinq conseillers : Crestin, Durand, Bouvatier, Perret, Velay. Les délégués font venir Valentin, lui demandent s’il est pour Versailles. Il répond que sa proclamation ne laisse aucun doute, on l’arrête. Dès lors, c’est la Commune, la dissolution du conseil municipal, la destitution du préfet, du général de la garde nationale remplacé par Ricciotti Garibaldi que désignent son nom et ses services à l’armée des Vosges. Ces résolutions annoncées à la foule sont acclamées ; le drapeau rouge réapparaît au grand balcon.

Le 23, dès la première heure, les cinq conseillers nommés la veille se récusent et les insurgés doivent se présenter tout seuls à Lyon et aux villes voisines. « La Commune, disent-ils, doit maintenir pour Lyon le droit d’établir et de prélever ses impôts, de faire sa police et de disposer de sa garde nationale maîtresse