Page:Lissagaray - Histoire de la Commune de 1871, MS.djvu/184

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neur du prolétariat parisien : Malon, Varlin, Duval, Theisz, Avrial, Ranvier, Pindy, Langevin, Amouroux, Frankel, Champy, etc. La grande majorité révolutionnaire était donc de petits bourgeois, employés, comptables, médecins, instituteurs, hommes de loi, publicistes il y en eut jusqu’à douze. — Des innocents de la politique que fut le Comité Central. Paris, par une conséquence inévitable, passait aux socialistes et aux hommes politiques depuis longtemps connus dans leurs milieux. La plupart des élus, fort jeunes ; quelques-uns avaient au plus vingt-cinq ans.

La rencontre eut lieu à neuf heures dans la salle de l’ancienne commission municipale de l’Empire, ouvrant sur le fameux escalier de la cour Louis XIV, à double révolution. Rencontre de circonstance ; le Comité Central n’avait laissé aucun ordre de réception.

La présidence revenait au père Beslay. Soixante-douze ans, maigre, assez grand, d’ossature bretonne, fils de député libéral, élu en 1830, élu en 48, Beslay s’était élevé du libéralisme à la République et, chef d’industries prospères, au socialisme. Un des fondateur de l’Internationale, il avait refusé d’entrer dans ses conseils, dit aux ouvriers : « Restez entre vous, n’accueillez ni capitalistes, ni patrons ». Après l’invasion, à soixante et onze ans, il court à Metz, rencontre un uhlan près de Saint-Privat, de son bâton noueux l’assomme, peut regagner Paris, pousse à la défense, signe les affiches de la Corderie, harcèle son compatriote Trochu, risque d’être arrêté. Rare survivant d’une forte bourgeoisie, plus rare exemple de la reconnaissance du peuple qui l’envoya à l’Hôtel-de-Ville.

Il ne préside pas une séance, mais un choc confus de motions que coupe parfois la rumeur des gardes nationaux campés dans la cour. Paschal Crousset, Mortier, réclament Blanqui comme président d’honneur et l’on discuterait si Lefrançais ne faisait cette motion préalable : « La Garde nationale et le Comité Central ont bien mérité de Paris et de la République. » Voté par acclamation. Lefrançais, Ranc et Vallès sont chargés de rédiger une proclamation, d’accord, demande J.-B. Clément, avec le Comité Central, dont les délégués attendent dans une salle voisine. Lefrançais est chargé de les