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Versailles ; il reviendra ; il me l’a juré à moi-même. » Et il remit à Flotte un billet pour le vicaire général. Lagarde répondit que M. Thiers le retenait. Le 23, Darboy écrivit encore à son vicaire général : « Au reçu de cette lettre, M. Lagarde voudra bien reprendre immédiatement le chemin de Paris et rentrer à Mazas. Ce retard nous compromet gravement et peut avoir les plus fâcheux résultats. » Lagarde ne répondit pas. M. Thiers avait refusé l’échange en s’abritant derrière la commission des Quinze. Leur prétexte fut que Blanqui donnerait une tête à l’insurrection, leur but de pousser à l’exécution des otages : la mort du gallican Darboy était double profit, ouvrant une succession convoitée par les ultramontains et faisant un martyr.

Le vicaire général Lagarde, jugeant inutile de bisser Régulus, resta modestement à Versailles. La Commune ne punit pas l’archevêque de ce manque de foi, et, quelques jours après, fit mettre sa sœur en liberté. Jamais, même aux jours de désespoir, on n’oublia les privilèges des femmes. Les coupables sœurs de Picpus et les autres religieuses, conduites à Saint-Lazare, furent enfermées dans un quartier à part.

La préfecture et la délégation de la Justice affirmèrent encore leur humanité en améliorant le régime des prisons dont tout le personnel, à l’exception des seuls directeurs, avait été conservé. De son côté, la Commune s’efforçant de garantir la liberté individuelle, décréta le 14 avril que toute arrestation serait notifiée immédiatement au délégué à la Justice et qu’aucune perquisition ne serait faite sans un mandat régulier. Des gardes nationaux, mal informés, ayant arrêté des individus réputés suspects, la Commune déclara, dans l’Officiel, que tout acte d’arbitraire serait suivi d’une destitution et d’une poursuite immédiate. Un bataillon qui cherchait des armes à la compagnie du gaz, s’était cru autorisé à saisir la caisse. La Commune fit immédiatement rapporter la somme et lever les scellés. Le commissaire de police qui arrêta Gustave Chaudey, accusé d’avoir ordonné le feu le 22 janvier — arrestation maladroite car il défendait dans le Siècle la cause parisienne — avait saisi l’argent du prisonnier ; la Commune destitua le commissaire et inséra sa destitution à l’Officiel. Pour