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HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

que pendant la Commune et à Buzenval, il se glorifia d’avoir combattu et ne repoussa que les accusations de pillage. Les Versaillais le condamnèrent à mort.

Quelques jours après, ce même conseil entend une voix de femme : « Je ne veux pas me défendre, je ne veux pas être défendue ! s’écrie Louise Michel. J’appartiens tout entière à la Révolution sociale et je déclare accepter la responsabilité de tous mes actes. Je l’accepte sans restrictions. Vous me reprochez d’avoir participé à l’exécution des généraux ? À cela je répondrai : oui, si je m’étais trouvée à Montmartre quand ils ont voulu faire tirer sur le peuple, je n’aurais pas hésité à faire tirer moi-même sur ceux qui donnaient des ordres semblables. Quant à l’incendie de Paris, oui, j’y ai participé. Je voulais opposer une barrière de flammes aux envahisseurs de Versailles. Je n’ai pas de complices, j’ai agi d’après mon propre mouvement. »

Le rapporteur Dailly requiert la peine de mort. Elle : « Ce que je réclame de vous, qui vous affirmez conseil de guerre, qui vous donnez comme mes juges, qui ne vous cachez pas comme la commission des grâces, c’est le champ de Satory où sont déjà tombés nos frères. Il faut me retrancher de la société ; on vous dit de le faire ; eh bien ! le commissaire de la République a raison. Puisqu’il semble que tout cœur qui bat pour la liberté n’a droit qu’à un peu de plomb, j’en réclame ma part ! Si vous me laissez vivre, je ne cesserai de crier vengeance, et je dénoncerai à la vengeance de mes frères les assassins de la commission des grâces. »

Le président. — Je ne puis vous laisser la parole.

Louise Michel. — J’ai fini… si vous n’êtes pas des lâches, tuez-moi.

Ils n’eurent pas le courage de la tuer tout d’un coup. Elle fut condamnée à la déportation dans une enceinte fortifiée.

Louise Michel ne fut pas unique dans ce, courage. Bien d’autres, parmi lesquelles il faut dire Lemel, Augustine Chiffon, montrèrent aux Versaillais quelles terribles femmes sont les Parisiennes, même vaincues, même enchaînées.

L’affaire de l’exécution des otages à la Roquette